Interpellation et réponses des candidats aux régionales pour les Pays de Loire

Le Collectif pour la Réduction de l’Affichage Publicitaire à Nantes a sollicité les candidats des Pays de Loire sur la publicité dans le cadre de la campagne des régionales. Nous reproduisons ici leur lettre préalable, leur synthèse, et en fichier pdf, les réponses de chacun des candidats.


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Nantes, le 19 février 2010

Objet : Votre position sur l’affichage publicitaire

Monsieur,

Nous vous adressons ce courrier car vous êtes candidat aux élections régionales se déroulant dans les prochains mois.

Nous constatons que la loi de 1979 encadrant l’affichage publicitaire est obsolète, bien trop permissive pour les afficheurs et en complète contradiction avec les attentes de nos concitoyens. Nous considérons
que :

• La situation de l’affichage publicitaire est aujourd’hui un scandale dans notre pays. Occupant toujours plus d’espace public, dégradant systématiquement le cadre de vie, il s’agit d’une véritable pollution visuelle.
• Chacun devrait être libre de choisir s’il souhaite recevoir les messages publicitaires ou non. Or, face au gigantisme actuel, exercer sa « liberté de réception » est aujourd’hui impossible.
• L’espace public, bien commun, est privatisé au profit de quelques uns.
• A l’heure où la sécurité routière est un enjeu important de politique publique, les sollicitations commerciales ayant pour but de capter l’attention des usagers de la route sont toujours plus nombreuses et plus voyantes.
• Nous ne sommes pas tous égaux face aux panneaux publicitaires. Les enfants, notamment, ne sont pas toujours à même d’exercer leur esprit critique vis à vis du message reçu. Le rôle d’éducation des parents est mis à mal par l’ampleur du phénomène et son caractère inévitable.
• Les dispositifs actuels représentent un véritable gâchis énergétique.
• L’affichage est un média inégalitaire. C’est un outil de promotion des multinationales contre le tissu économique local, les petites ou moyennes entreprises n’ayant pas les moyens financiers de se payer les campagnes publicitaires proposées par les afficheurs

Toutefois, nous reconnaissons que l’information commerciale peut trouver sa place dans l’espace public, au même titre que l’information politique, syndicale, associative ou artistique.

En conséquence, nous demandons que soit mis en place une structure nécessaire au déroulement d’un débat public au niveau de notre région sur la place de l’affichage publicitaire. Ce débat sera préalable à l’ouverture de travaux visant à une refonte complète de la loi de 1979. Nous souhaitons participer activement à ces travaux et proposons un certain nombre de mesures qui permettraient de concilier la nécessité d’information et le respect de l’espace public et de ses usagers :

• Limiter la taille des affiches à 50 x 70 cm sur des dispositifs ne dépassant pas 2m2.
• Fixer des contraintes de densité raisonnables, fonction du nombre d’habitants.
• Interdire les dispositifs consommant de l’énergie (éclairage, défilement, sonorisation, …).
• Les Réglements Locaux de Publicité (RLP), permettant aux municipalités d’adapter la loi nationale, ne devraient pouvoir être que plus restrictifs que celle-ci.
• Obligation de création d’un organisme de suivi du respect de la législation au niveau départemental ou municipal

Êtes-vous favorable à l’installation d’écrans à cristaux liquides, hauts de 2 mètres, et diffusant en continu de la publicité animée dans les transports publics ?

Approuvez-vous l’installation de panneaux d’affichage publicitaire sur les murs des lycées de votre région ? Que comptez-vous faire pour rendre l’interdiction effective ? De manière générale, que pensez-vous du financement de services publics par la publicité (transports, écoles…) ?

Nous souhaitons connaître votre position vis à vis de ces constats et des ces propositions concrètes.

Arthur Lutz
pour le Collectif pour la Réduction de l’Affichage Publicitaire à Nantes
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Synthèse des réponses

Suite à l’interpellation par courrier des candidats au sujet de la place de la publicité dans nos villes, nos transports et nos lycées, voici une synthèse des réponses reçues par le collectif à ce jour.

Nous avons contacté tous les candidats têtes de listes (à l’exception de l’extrême droite), et sommes agréablement surpris d’avoir obtenu cinq réponses, sur les sept partis en lice. Nous n’avons pas de réponse pour Christophe Béchu pour l’Union pour un Mouvement Populaire (UMP) et Eddy Le Beller pour Lutte Ouvrière. Les réponses complètes sont disponible au format pdf en bas de cet article. Les réponses sont dans l’ordre chronologique de réception.


Pour le Mouvement Démocrate (MODEM), Patricia Gallernau
semble bien connaître le sujet. Mentionnant une nouvelle implantation d’un panneau publicitaire télévisé faisant débat à Pornichet, ville où elle est élue. Elle reconnaît qu’il y a trop de publicité, que la loi de 1979 est inefficace. Elle nous assure être « défavorable à l’installation de panneaux publicitaires, qu’il soient statiques ou dynamiques, aux abords ou sur les établissements scolaires, ainsi qu’aux abords des établissements publics. » En ce qui concerne les transports, elle considère que la publicité est nécessaire et que sa suppression augmenterait considérablement le prix du ticket. Nous sommes dubitatifs quand à cet argument en l’absence de chiffres tangibles, pour le métro parisien il est estimé que la publicité apporte 2% du prix du ticket ; sa suppression augmenterait donc le prix de quelques centimes. Faute de chiffres, nous ne pouvons nous satisfaire de cet argument. Patricia Gallernau argumente la nécessité de l’apport de l’argent publicitaire pour faire fonctionner et étendre le système de vélos en libre service à Nantes. Nous ne pouvons que répondre que c’est nous qui payons la publicité : à hauteur de plus de 500 euros par an (voir chiffres )

Patricia Gallernau fait finalement des propositions : 1) Encourager l’information et l’éducation des jeunes vis-à-vis de ce « bombardement publicitaire dont ils sont les cibles favorites ». 2) Organisation d’un débat au niveau régional. 3) Une harmonisation de la répartition géographique de la publicité 4) L’élaboration de règles communes pour aider les mairies à résister aux pression des afficheurs.

Pour le Parti Socialiste (PS), Jacques Auxiette (président de région sortant) est d’accord avec nous sur le fait que la législation doit être revue, ce qui n’est pas de la compétence des régions. Il promet une « fermeté » concernant la « promotion commerciale » dans les lycées, ainsi que dans leurs cantines. Malheureusement il ne parle absolument pas des transports financés en partie par la publicité et nous renvoie trop souvent vers l’échelon national.

Pour Europe Écologie, Jean-Philippe Magnen partage amplement notre constat. Sa réponse reste pragmatique quand à l’étendue des compétences de la région sur des questions telles que la refonte de la loi de 1979. Il parle d’élaboration d’outils pour impliquer les acteurs régionaux dans le suivi du respect de la loi nationale, ce qui répond de manière insuffisante au problème de l’illégalité de bon nombre de panneaux publicitaires.

Pour Nous te ferons Bretagne, Jacky Flippot nous fait une réponse courte et vague, de laquelle se dégage uniquement un accord de principe sur la nécessité de refonte de la loi de 1979. Rien n’est dit sur les compétences régionales. Il est opposé aux « publicité à cristaux liquides » notamment de taille importante.

Pour Tous Ensemble la Gauche Vraiment, Marc Gicquel est fermement opposé « à toute incursion commerciale dans les lycées ». Il propose un encouragement de « l’affichage associatif et militant », ainsi qu’un débat au niveau régional qui permettrait de dégager des préconisations pour les règlements locaux de publicité (RLP) ainsi que pour la refonte de la loi nationale. A nouveau, rien sur la publicité dans les transports.

Conclusion

Les candidats semblent tous, dans une certaine mesure, d’accord sur le fait que l’affichage publicitaire soit trop présent, agressif, contraire aux préoccupations environnementales. Certains parlent des pressions des afficheurs, de la cible que sont les lycées pour les publicitaires, de la nécessité de réformer la loi de 1979 qui régit cet affichage. Pourtant, sur les transports, aucune des réponses ne vise une réduction de cette présence publicitaire. Le Collectif pour la Réduction de l’Affichage à Nantes est apolitique, n’est attaché à aucun parti et ne donne aucune consigne de vote (ou de non-vote).


Courriers reçus :

* PS
* MODEM
* Nous te ferons Bretagne
* Europe Écologie
* Tous Ensemble la Gauche Vraiment !

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