Lettre à Aurélie Fillipetti, ministre de la Culture

Madame la Ministre,

Nous avons suivi avec attention les rebondissements estivaux liés au
dossier de la publicité sur les chaînes de France Télévisions.

Nous souhaitions tout d’abord vous féliciter d’avoir résisté à
l’agression publicitaire, en refusant de revenir sur cet immense
progrès que constitue la suppression de la publicité sur la télévision
publique.

En effet, vous n’êtes pas sans savoir qu’une grande majorité (81%) de
Français trouve la publicité envahissante (1). Le rétablissement de la
publicité sur France Télévision, tant souhaité par votre collègue, M.
Cahuzac, aurait avant tout été une très mauvaise nouvelle pour les
télespectateurs qui n’en peuvent plus de ce gavage quotidien.

La suppression partielle de la publicité sur France télévision est non
seulement un progrès d’un point de vue de la dépollution mentale, mais
également un franc succès.

L’annonce de la suppression de la publicité sur les télévisions et les
radios publiques nous avait agréablement surpris en 2008. Et elle a
été plébiscitée par le public trop heureux de pouvoir échapper au long
tunnel de publicité après le journal télévisé de 20h. En effet, selon
un sondage TNS-Sofres (2) réalisé pour l’Assemblée nationale en
septembre 2010, 76 % des sondés étaient satisfaits (dont 46 % « très »)
de l’arrêt de la publicité après 20 heures sur les chaînes de France
Télévisions.

Cette mesure courageuse et nécessaire permet d’agir enfin sur
l’envahissement de la publicité dans le quotidien des Français et de
lutter contre ses effets néfastes, notamment dans le domaine
alimentaire (on sait que la publicité télévisée participe directement
au progrès de l’obésité qui constitue un véritable problème de santé
publique).

La question du financement de l’audiovisuel public est importante et
nous pensons qu’on peut trouver un modèle économique viable, sans
publicité. Cela passe par une augmentation de la redevance, voire par
sa refonte (fusion avec les impôts sur le revenu, permettant aux
ménages les plus modestes d’en être exonérés). Mais faire des
économies ne devrait pas non plus être un tabou télévisuel : il est
possible avec moins de faire mieux.

Le service public a tout à gagner à arrêter de « vendre du temps de
cerveau humain disponible » et à sortir d’une logique de pure
compétition.

Nous attendons de votre part, pour une respiration complète du citoyen
téléspectateur, de vous acheminer vers une suppression complète de la
publicité sur France Télévisions et Radio France.

D’autre part, nous vous incitons également à ouvrir la concertation
concernant l’interdiction de la publicité à destination des enfants, sur
toutes les chaînes.

Nous vous prions d’agréer, Madame la Ministre, nos salutations distinguées.

(1) Étude « Publicité et société » TNS-Sofres / Australie : http://www.tns-sofres.com/points-de-vue/190E522A5AE444B091DE500B455C83EE.aspx

(2) Sondage réalisé les 31 août et 1er septembre 2010, par téléphone, auprès d’un échantillon de 1.000 personnes représentatif de la population âgée de 15 ans et plus selon la méthode des quotas.

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