Lettre ouverte à Audrey Azoulay, ministre de la Culture, concernant les bâches publicitaires sur les monuments historiques en travaux

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Le 15 septembre 2016

Madame la Ministre,

Cette année, les Journées Européennes du Patrimoine ont pour thème « Patrimoine et Citoyenneté » et c’est précisément dans cette optique que nous publions cette lettre ouverte. Depuis une loi de 2006, nous voyons proliférer des bâches publicitaires qui transforment, à l’occasion de travaux, nos monuments historiques en supports de publicités commerciales géantes. Depuis cette date, l’article L. 621-29-8 du code du patrimoine permet en effet de déroger à l’interdiction traditionnelle de la publicité sur les monuments historiques. Or, cette logique financière, qui abîme l’image des monuments et vend le regard des citoyens, est refusée par ces derniers. En témoigne notamment la mobilisation récente contre l’installation sur le Palais des Beaux-Arts de Lille d’une bâche représentant des sushis[1].

En mettant ainsi sur le marché publicitaire notre patrimoine, c’est son image à long terme que nous altérons et le commerce qui prend la place de la culture. Les publicités sur l’hôtel Lutetia à Paris (vendu en 2010 pour 135 millions d’euros) sont-elles réellement nécessaires à sa restauration ? S’accordent-elles avec l’histoire – tragique – de ce lieu ? Et que dire du Palais de Justice ? Sur certains ensembles urbains intégralement protégés au titre des monuments historiques, comme les quais de Seine à Paris, ces dispositifs dits exceptionnels se succèdent et transforment les lieux en un espace publicitaire permanent.

Une modification de la loi s’impose, mais vous pouvez, d’ores et déjà, œuvrer par décret0 au plafonnement en valeur absolue de la surface des publicités. Le chiffre de 12 m², surface maximale de la publicité extérieure généralement autorisée, semble tout indiqué. La limitation actuelle de la taille des publicités à « 50 % de la surface totale de la bâche » (article R. 621-90 du code du patrimoine) aboutit en effet à des dispositifs publicitaires aux dimensions inédites et choquantes. Seule une telle limitation serait de nature à rendre audible l’argument du mécénat d’entreprise.

Résistance à l’Agression Publicitaire
La SPPEF – Sites & Monuments
Paysages de France
Louvre pour tous

[1] Pétition pour le retrait de la publicité commerciale géante du Palais des Beaux-Arts de Lille : http://lille.antipub.org/pba/

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