En Suisse, la ville de Lancy vote la fin de la publicité commerciale

Ce dimanche 24 novembre, dans le canton de Genève, la ville de Lancy a voté l’interdiction de la publicité commerciale sur le domaine public et sur le domaine privé visible depuis le domaine public, à l’exception des enseignes des commerces. Seuls les affichages culturel, associatif, éducatif ou sportif resteront autorisés. Les 170 supports publicitaires de la commune, ainsi que les 44 paneaux sur le domaine privé, ne feront donc plus apparaître de publicité commerciale. Lancy rejoint donc la ville de Vernier qui a validé cette même décision en juillet dernier.

L’idée de ces initiatives « Zéro pub » a germé à Genève début 2017, où un changement de concessionnaire a laissé les panneaux blancs pendant plusieurs jours, donnant l’occasion aux habitant·es de se réapproprier ces espaces pour afficher des messages militants ou artistiques. Des associations locales ont alors lancé une initiative populaire. Si celle de « Genève sans pub » a échoué de peu en mars 2023, la votation populaire a abouti à Lancy, malgré un lobbying important du camp du « non ».

De plus en plus, à travers le monde, des villes prennent des mesures pour limiter les effets négatifs de la publicité, que ce soit, comme ici en Suisse pour supprimer des panneaux, ou ces exemples de villes qui refusent la promotion des énergies fossiles et ses dérivés. Le sujet monte lentement, mais certainement. La prise de conscience progresse : il ne peut y avoir de « transition » tant qu’on subira ces centaines voire milliers de messages1, chaque jour, qui poussent à la surconsommation.

En France, ce genre de décision serait plus difficile à appliquer au niveau local. Une interdiction pure et simple de l’affichage commercial serait même impossible2 au regard du premier article du chapitre qui encadre la publicité extérieure et qui consacre « le droit d’exprimer et de diffuser informations et idées, quelle qu’en soit la nature, par le moyen de la publicité ». Une mairie peut cependant décider de ne pas renouveler les contrats de mobiliers urbains, comme l’ont fait les villes de Grenoble ou de Mordelles, où la publicité n’est certes pas interdite, mais limitée grâce à ces décisions.

Concernant les contenus, une mairie ne peut pas les contrôler et interdire la promotion de la voiture ou de l’avion par exemple. Une collectivité peut en revanche négocier ce genre d’interdictions dans les contrats qui les lient à des afficheurs, comme l’a fait la métropole de Lyon avec son contrat publicitaire du métro, renouvelé au printemps dernier. Une autre solution serait une loi nationale qui interdirait la promotion des produits les plus polluants, comme nous l’appelons de nos vœux.

En attendant qu’une telle loi soit votée en France, les municipales approchent et les partis vont commencer à préparer leurs programmes pour les élections de 2026. Nous invitons donc toutes et tous à se mobiliser pour que de telles mesures figurent dans lesdits programmes.


Notes

1 Les études divergent selon ce qui est compté comme étant un message publicitaire. Voir cet article pour plus de détails : https://antipub.org/pression-publicitaire-etat-des-lieux/

2 Sauf exceptionnellement, si la commune se situe dans un parc naturel régional, où la publicité est interdite (article L581-8 du code de l’environnement) et que la mairie ou l’intercommunalité n’a pas décidé de déroger à cette interdiction via son règlement local de publicité intercommunal.