Du 24 au 26 juillet, à l’aube du lancement des Jeux Olympiques et Paralympiques (J.O.P.), des activistes se sont mobilisé·es dans plusieurs villes de France afin de dénoncer leur financement par Toyota et autres sponsors polluants, ainsi que le matraquage publicitaire qui a lieu à cette occasion. Coordonnées par Résistance à l’Agression Publicitaire et le collectif Brandalism, les actions se sont déroulées à Paris, Lille, Lyon, Rennes, Saint-Étienne et Strasbourg. Plus de cent affiches artistiques et satiriques ont été créées et mises en place, pour attirer l’attention sur les « Jeux les plus chauds jamais enregistrés ».
L’espace public est accaparé depuis plus d’un an par les J.O.P. 2024, alors que ses Comités d’organisation promettent qu’ils seront « les plus verts de tous les temps ». Pourtant, les entreprises qui sponsorisent cette compétition internationale (Toyota, Coca-Cola, ArcelorMittal, LVMH, Carrefour, Air France, Vinci, Danone, etc.) sont parmi celles qui nuisent actuellement le plus à l’environnement, aux droits humains et à la santé, responsables de ravages économiques, sociaux, écologiques et sanitaires dans le monde.
Soumis·es quotidiennement à de nombreux messages publicitaires qui colonisent nos imaginaires, nous critiquons le blanchiment d’image de ces marques par leur engagement dans le domaine sportif. Nous appelons aussi les pouvoirs publics à cesser l’occupation démesurée de l’espace public par la promotion commerciale des J.O.P. et à interdire les publicités et le sponsoring sportif par des entreprises polluantes. #NoMedalsForPolluters
Cette mobilisation vise notamment plus particulièrement le géant constructeur automobile Toyota, dont les énormes émissions de gaz à effet de serre sont les plus élevées de tous les sponsors olympiques mondiaux, en demandant au Comité International Olympique de mettre fin à ce contrat de sponsoring. #DropPollutingSponsors.
Toyota a déclaré des émissions annuelles de 575 millions de tonnes de CO2 en 2022, principalement dues aux millions de voitures à essence qu’elle a mises sur les routes cette année-là. C’est beaucoup plus que les émissions nationales de la France, et environ 1,5 % de toutes les émissions mondiales de CO2.
Sonnie Bird, de Brandalism, a déclaré : « Alors que les athlètes olympiques de Paris vont plus vite, plus haut et plus fort, Toyota continue d’être de plus en plus sale, mortelle et polluante. Avec Toyota comme sponsor, les Jeux Olympiques de Paris laisseront un héritage non pas d’or, d’argent et de bronze, mais de pollution.
Alors que le monde se détourne des combustibles fossiles, Toyota s’obstine à produire chaque année des millions de véhicules fonctionnant au pétrole. Si Toyota était un pays, ses émissions de gaz à effet de serre dépasseraient, à l’exception de onze d’entre eux, celles de tous les pays participant aux Jeux de cette année, dont beaucoup sont déjà en première ligne face à la dégradation du climat. »
Ces affiches créatives et percutantes critiquent le plus grand constructeur automobile du monde pour avoir trompé le public en lui faisant croire que ses voitures fonctionnant à l’énergie fossile sont bonnes pour l’environnement. En tant que partenaire officiel pour la mobilité, Toyota affirme que sa flotte de véhicules pour les Jeux est « 100 % électrifiée ». En réalité, moins de la moitié des véhicules sont entièrement électriques et la plupart des autres ne fonctionnent qu’à l’essence.
Le message créatif des visuels est soutenu par de nombreux·ses climatologues et expert·es en mobilité, qui ont souligné les risques majeurs de réputation pour l’image de durabilité des Jeux s’ils sont perçus comme promouvant les véhicules hybrides à essence, les SUV et les voitures à hydrogène. Le « véhicule officiel » de Toyota pour les Jeux, la Mirai à hydrogène, s’est attiré les foudres des scientifiques qui affirment qu’elle induit le public en erreur et qu’elle constitue une solution non scientifique au problème du climat.
Toyota est depuis longtemps critiquée pour ses émissions, son écoblanchiment et son retard en matière de climat. Un marketing léché, tel que le parrainage des Jeux olympiques, cache le fait que les propres plans du constructeur automobile l’amèneront à dépasser de 184 % les objectifs d’émissions fixés aux accords de Paris.
En 2023, moins de 1 % des ventes de voitures de Toyota seront des voitures électriques à batterie, ce qui en fait l’un des pires retardataires du secteur. Au lieu d’essayer de rattraper son retard, elle fait pression sur les gouvernements du monde entier pour qu’ils modifient les règles en sa faveur et ralentissent la transition énergétique, ce qui risque d’avoir des conséquences climatiques dangereuses pour tous et toutes.
La préparation des 33e J.O.P., qui débuteront le vendredi 26 juillet, a fait l’objet de critiques de la part des défenseur·euses du climat en raison du parrainage de grands pollueurs, tels que Toyota, Air France et le sidérurgiste ArcelorMittal. Un rapport récent prédit que les Jeux de cette année seront les plus chauds jamais enregistrés.
Andrew Simms, de Badvertising, a déclaré : « Paris, ville hôte des « Jeux les plus verts de tous les temps », sera truffée de publicités pour l’un des plus grands pollueurs du monde et le principal sponsor des Jeux, Toyota. Alors que cet été s’annonce comme le plus chaud jamais enregistré, nos recherches montrent que le parrainage de grands pollueurs comme Toyota ajoutera des millions de tonnes de CO2 à l’atmosphère, réchauffant ainsi la planète.
Le sport, ses événements, ses athlètes et ses supporters sont particulièrement vulnérables au dérèglement climatique. Permettre à ces marques d’utiliser les Jeux olympiques pour faire de l’écoblanchiment, c’est nous souffler des anneaux olympiques de fumée au visage. Pour que les Jeux soient vraiment propres et verts, le CIO doit renoncer à tout parrainage polluant. »
Face à l’invasion publicitaire de ces entreprises néfastes via les J.O.P., nous voulons attirer l’attention sur la pollution et le greenwashing de ces marques, en revendiquant notre droit de réponse et en exigeant la fin du financement du sport par des multinationales dévastatrices. Nous voulons du sport populaire, à l’image des valeurs véhiculées par les clubs à petite échelle, d’entraide, de solidarité, d’esprit d’équipe et de rencontres dans la joie et le plaisir de jouer ensemble, pour se faire progresser autant mutuellement qu’individuellement. Nous voulons des espaces de pratique décolonisés de l’omniprésence des entreprises capitalistes, et du sport financé par d’autres moyens.
Par cette action, R.A.P. appelle les pouvoirs publics à cesser l’occupation de l’espace public par la promotion commerciale des J.O.P. et à interdire les publicités et le sponsoring sportif des entreprises polluantes. Les dispositions prises par le gouvernement pour réguler les publicités sont largement insuffisantes et incohérentes. Compte tenu de l’urgence climatique et de la dégradation continuelle des droits sociaux, il est plus que temps d’assumer des politiques ambitieuses contre l’hégémonie du secteur publicitaire.