L’autorégulation de la pub n’est pas à la hauteur des enjeux écologiques



Paris – 12 juin 2020  – Ce vendredi 12 juin, un rapport intitulé « Publicité et transition écologique » commandé par le gouvernement vient de lui être présenté. Décryptage des propositions phares et des principaux manquements de ce rapport. Analyse détaillée à cette adresse.

Commandé par le ministère de la Transition écologique et solidaire durant les débats sur la loi relative à l’économie circulaire et à la lutte contre le gaspillage, le rapport a été remis ce jeudi 11 juin. Après avoir auditionné une vingtaine d’organisations professionnelles et trois ONG (dont R.A.P.), les rapporteurs détaillent 23 propositions que R.A.P. a analysé. 

Sur ces 23 propositions, plus de la moitié entérine les mécanismes d’autorégulation et les engagements volontaires, qui ont montré jusqu’à présent leur défaillance et qui permettent d’éviter tout encadrement législatif, ce dont le secteur se satisfait depuis des années. La proposition de co-régulation avec des associations, articulée à un coordinateur national rattaché au gouvernement, est insatisfaisante et ne peut se substituer à l’établissement d’une autorité publique indépendante des entreprises comme du gouvernement. Le rapport rejette également les interdictions des écrans numériques et des contenus publicitaires polluants.

Des notions controversées et peu cadrées comme la neutralité carbone des agences, la compensation ou l’éco-conception des publicités sont avancées. Ces dernières risquent de verdir artificiellement et partiellement l’industrie publicitaire, qui pourrait alors continuer à promouvoir des produits polluants tout en affirmant que la publicité est « propre ».

Quelques propositions vont néanmoins dans le sens d’un encadrement législatif : l’extinction des publicités lumineuses la nuit, un meilleur encadrement de l’affichage sauvage, l’interdiction des publicités sur les produits dont la vente sera interdite (tel que les véhicules thermique d’ici 2040), l’expérimentation de l’autocollant « Oui Pub » sur les boîtes aux lettres, etc. Cependant, ces quelques avancées ne changent pas profondément le système publicitaire pour répondre aux urgences climatiques et écologiques.

Pour Thomas Bourgenot, chargé de plaidoyer à R.A.P., « Ce rapport préconise certaines mesures qui relèvent du bon sens. Mais l’essentiel des propositions conforte le principe d’autorégulation dont les limites sont largement admises. Surtout, il ne répond pas aux grands enjeux autour de la publicité. »

Pour répondre à ces enjeux R.A.P. recommande :
– la mise en place d’une autorité administrative indépendante de régulation et de contrôle des contenus  publicitaires ;
– de lutter contre la pollution directe des activités publicitaires en les limitant ou en les interdisant (publicité numériques, certains contenus publicitaires polluants) ;

– d’engager des réformes pour réduire la pression commerciale.

Contact presse:

Thomas Bourgenot, chargé de plaidoyer, 07 69 89 75 85, thomas.bourgenot@antipub.org

Khaled Gaiji, Porte parole, 06 76 34 86 49, khaled.gaiji@antipub.org