Monsieur Claude BARTOLONE
Président du Conseil Général de la Seine St Denis
Hôtel du département
93006 Bobigny CEDEX
Objet : Partenariat du Conseil Général avec BNP Paribas
Paris, le 20 janvier 2010
Monsieur le Président,
Entre 2005 et 2008 , nous avons mené une campagne intitulée « Pas de pub privée sur les murs publics des collèges et lycées », interpellant l’ensemble des conseils régionaux et généraux sur la question des panneaux publicitaires placés sur les murs de ces établissements scolaires. Nous avons pu apprécier la prise de position de 109 conseils généraux et régionaux, s’engageant à ne jamais signer de contrat avec des agences de publicité, préservant ainsi les murs des lycées et collèges publics de toutes pollutions visuelles et mentales.
Nous avons reçu en son temps la réponse du Conseil Général de Seine St Denis, dont nous vous reproduisons ci-dessous un extrait :
Lettre du 6 janvier 2006 (ref 02874) adressée à Pierre PONTHUS (PANTIN)
« …il n’entre pas dans les orientations du CG d’accepter que les murs ou les différents espaces relevant des équipements scolaires départementaux soient mis à disposition de prestataires privés pour servir de supports de pub.
Le CG a la volonté non seulement de préserver les collèges de telles pratiques, mais surtout de développer le service public de l’éducation sans le recours à des fond privés qui seraient incompatibles avec son éthique. »
La vice-présidente du Conseil Général 93, A-M. MAHEAS
Cet engagement datant d’à peine 4 ans a été totalement contredit par les propos que vous avez tenus, le 14 décembre 2009 dernier, en présence de la BNP Paribas :
« Entre le Département et le groupe B.N.P. Paribas c’est – allez, j’ose le dire sans rougir – une longue et fidèle histoire d’amour »,
« Notre présence ici, Baudouin Prot et moi-même, BNP Paribas et Département de la Seine-Saint-Denis, est le fruit d’un paradoxe, presque d’un non sens : à l’heure où chacun reconnaît le besoin d’Ecole pour notre société, jamais la Nation ne s’est à ce point désengagée de l’éducation et jamais un groupe privé via sa Fondation ne s’est à ce point investi pour notre territoire et nos enfants. »[..]
« Aujourd’hui, nous franchissons un cap. Dans le cadre de notre projet éducatif, je n’ai pas hésité un seul instant à solliciter le groupe BNP Paribas, premier employeur privé de la Seine-Saint-Denis et acteur historique de ce département, pour conclure un véritable pacte éducatif […] preuve d’un service public moderne et conquérant. »
« notre partenariat avec BNP-Paribas, c’est l’effort financier considérable d’une belle et grande entreprise privée en direction des collèges, et c’est l’expertise d’un acteur institutionnel, le Conseil général, qui joue pleinement son rôle de passeur, de régulateur […] voilà la formule gagnante : l’argent du privé et la vision du politique ! »
Nous y voyons un recul dangereux basé sur une volonté affirmée de faire dépendre les collèges publics de votre département d’un financement privé. Nous y voyons un premier pas pour l’entrée de la publicité au collège, alors que l’école doit rester un lieu laïc et de neutralité commerciale. J’insiste également sur le fait que les collégiens, et en particulier les collégiennes, sont des proies faciles pour la publicité qui véhicule auprès des jeunes, des valeurs néfastes et souvent en parfaite contradiction avec le message éducatif : violence, vitesse, minceur…
Nous renouvelons donc notre demande initiale : comptez vous signer, demain, des contrats avec des agences de publicité pour que ces dernières puissent utiliser les murs de vos collèges comme supports publicitaires ? Quels sont vos projets – et votre politique – en matière de partenariats public/privé au sein des collèges de Seine St Denis ?
En vous remerciant par avance de vos réponses, que nous ne manquerons pas de publier, tout comme cette lettre ouverte.
Dans cette attente, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, mes salutations distinguées.
Charlotte Nenner
Présidente de R.A.P.