Vendredi 17 Janvier à 17 h 30, à Tours, Résistance à l’Agression Publicitaire, Paysages de France, AQUAVIT, Sites et Monuments ont organisé une action commune contre les écrans numériques, et appellent les élu.e.s du conseil métropolitain à rejeter le projet actuel de Règlement Local de Publicité intercommunal
Alors que la décennie qui s’annonce impose une modification profonde de nos modes de vie (limitation du gaspillage énergétique et sobriété dans nos modes de consommation), Tours Métropole Val de Loire s’apprête à adopter un règlement local de publicité intercommunal (RLPi) dont les mesures principales sont à l’opposé même de ce qu’elles devraient promouvoir.
En réponse à cela, les associations Résistance à l’Agression Publicitaire, Paysages de France, AQUAVIT et Sites et Monuments ont lancé un appel à mobilisation le 17 janvier dernier afin de contrer le projet d’installation massive d’écrans publicitaires numériques dans l’espace public.
Rejoint notamment par un certain nombre de militant.e.s écologistes préoccupés par le caractère énergivore de ces panneaux, une cinquantaine de militant.e.s se sont retrouvé.e.s pour demander aux passant.e.s sur la place Jean-Jaurès leur avis sur les panneaux numériques publicitaires.
Réponse : 88 % de carton rouge contre les panneaux numériques !
Une pétition est également en cours pour que les habitants de la métropole s’opposent à l’installation d’écrans numériques publicitaires : https://petition.antipub.org/petition/11/
Des intentions louables contredites par des propositions redoutables
Tout avait bien commencé, avec un débat en Conseil métropolitain en juillet 2019 autour d’orientations plutôt consensuelles, telles que la mise en valeur du patrimoine, l’encadrement de l’affichage publicitaire au niveau des axes structurants, des entrées de ville et des zones d’activités, l’harmonisation de la réglementation sur tout le territoire ou encore la recherche d’économies d’énergie concernant les dispositifs lumineux. Malheureusement, les mesures proposées sont en contradiction flagrante avec l’ensemble de ces orientations, la plus dangereuse étant sans nul doute la possibilité d’installer des panneaux numériques sur mobilier urbain sur tous les trottoirs de l’unité urbaine.
Les panneaux numériques, une atteinte majeure à l’environnement et à la population
En effet, les écrans numériques, diffusant des images fixes ou animées, qu’ils soient muraux ou au sol, font partie des dispositifs qui ont le plus fort impact sur leur environnement. Les raisons qui militent pour l’abandon de cette forme de publicité sont nombreuses :
- lutte contre le gaspillage énergétique et le réchauffement climatique (un panneau consomme autant d’électricité que 3 familles, hors dépenses de chauffage ou l’équivalent de 32 combinés réfrigérateurs- congélateurs1),
- lutte contre le gaspillage des ressources de la planète (écrans nécessitant l’extraction de terres rares),
- danger pour la sécurité routière (risque d’éblouissement, distraction),
- protection du ciel nocturne,
- lutte contre la surconsommation et la mise en difficulté de certaines catégories de personnes au faible pouvoir d’achat (incitation continuelle, et par toutes sortes de procédés, à acheter et consommer).
Des centaines d’écrans, certains de plus de 8 m2, pourraient ainsi être installés sur les trottoirs, espace public dont la vocation première est de permettre aux piétons de se déplacer en sécurité ou simplement flâner, pas d’être agressés par des publicités défilant en boucle.
Circonstance aggravante: le projet ne prévoit aucune règle d’extinction nocturne. Les tourangeaux pourraient avoir à subir des panneaux éclairés toute la nuit !
Alors que, partout, l’ordre du jour est à la réduction de l’éclairage public, que la « planète brûle », installer massivement des publicités lumineuses va très exactement à l’encontre des mesures que la métropole se doit aujourd’hui de prendre dans le cadre de la transition écologique et de tout ce qu’il convient de faire en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Comment demander aux citoyens d’agir au quotidien par de multiples gestes et d’accepter les contraintes qu’impose l’urgence écologique, si, dans le même temps, la collectivité donne un contre-exemple de ce qu’il convient en toute logique de faire ?
Les autres orientations également vidées de leur sens
L’harmonisation de la réglementation sur tout le territoire, souhaitée par Tours Métropole Val de Loire, se traduit dans les faits par une véritable ségrégation entre les habitants de la métropole : une zone relativement protégée (secteurs patrimoniaux, paysagers) avec de la publicité uniquement sur mobilier urbain, alors que ceux qui ont la malchance de vivre le long d’une « voie structurante » devront subir, en plus de la pollution sonore et atmosphérique, la présence de panneaux de plus de 10 m2, ou d’autres pouvant rester éclairés toute la nuit.
La mise en valeur du patrimoine historique, autre orientation du projet, est anéantie par la proposition visant à introduire de la publicité là où le Code de l’environnement l’interdit (en secteur patrimonial remarquable et aux abords des monuments historiques).
Enfin, le RLPi fait l’impasse sur de nombreux dispositifs ravageurs pour l’environnement : bâches publicitaires sans limite de surface autre que leur support, publicités lumineuses sur toiture, enseignes sur toiture en zones d’activités pouvant atteindre 60 m2 (!), enseignes au sol de moins de 1 m2 non réglementées (donc en nombre illimité), enseignes temporaires démesurées.
Il n’est pas trop tard pour reprendre la main
Le RLPi est un document complexe nécessitant l’assistance d’un bureau d’études. Celui missionné par la métropole n’a malheureusement pas tenu compte des orientations votées par les conseillers métropolitains, en se contentant de décliner les mêmes propositions que dans les autres collectivités pour lesquelles il a déjà œuvré.
Nos associations ont formulé dès le début du projet des propositions réalistes, dont il n’a jamais été tenu compte. Il reste malgré tout suffisamment de temps pour reprendre ce projet et le mener à terme avant l’échéance de 2022.
Nous demandons que ces écrans publicitaires soient interdits dans les espaces de transport en commun et l’espace public, et que dès maintenant, cette interdiction soit inscrite dans le RLPi, actuellement en cours d’élaboration par Tours Métropole Val de Loire2.
Nous demandons aux élu.e.s de rejeter le projet actuel de Règlement Local de Publicité, et en particulier d’interdire les écrans publicitaires dans la révision du Règlement Local de Publicité intercommunal.
(1) Source https://stop-pub.video/pourquoi/
(2) Demandes des associations à TMVL : https://paysagesdefrance.org/index.php