Abribus à Paris : l’arnaque JCDecaux continue

A l’ordre du jour du conseil de Paris de décembre 2013, est prévue l’approbation du nouveau contrat pour la fourniture et la gestion des abribus dans la capitale
Loin de revoir les pratiques peu glorieuses en matière de mobilier urbain publicitaire (1), la Ville de Paris s’apprête à renouveler pour 15 ans son contrat avec JCDecaux.

Un mauvais contrat sur la forme

La procédure de passation de ce marché est problématique. Comme pour les vélos en libre service, la Ville de Paris choisi le « dialogue compétitif », ce qui a pour conséquence :
– une fermeture de ce marché aux industriels et designers qui ne sont pas afficheurs publicitaires
– un renforcement du duopole Clearchannel et JCDecaux.
A défaut d’appel d’offre vraiment ouvert, on a à l’arrivée, un dialogue en tête à tête avec JCDecaux, Clearchannel s’étant retiré de cette « compétition ». JCDecaux reste donc seul à fixer lui même les éléments du cahier des charges. A l’arrivée, c’est un marché pipé, puisque faute de combattants, un seul industriel reste, comme par hasard, JC Decaux, qui détient le marché depuis 1994.

Mais le problème est plus profond, cette forme de marché n’est que l’aveu que la Ville ne peut plus être maitre de son propre mobilier urbain et doit en passer par un afficheur publicitaire pour son propre service public, ici le service aux voyageurs.
C’est le mariage contre-nature du service public financé par la publicité, une privatisation qui ne dit pas son nom. Or la publicité n’est pas de l’argent qui tombe du ciel, mais bien une sorte de taxe que les consommateurs payent au travers de leurs achats. D’autant qu’ici, avec l’absence de mise en concurrence, c’est presque un chèque en blanc à JCDecaux, seul maître de la rentabilité financière de ce marché.

Sur le fond, un contrat contenant beaucoup de zones d’ombres

Le plus grand flou entoure le dossier sur le nombre de faces publicitaires.
On ne sait pas non plus si les panneaux d’affichage publicitaire seront déroulants, éclairés ; si ils pourront accueillir des vidéos, des animations, des objets… Pourtant la Ville devrait savoir que les rues parisiennes et les abribus peuvent être de véritables « terrains de jeux » des publicitaires, se permettant toutes les nouveautés et les audaces pour attirer l’oeil du passant.

Ainsi, on peut très bien se retrouver avec une situation pire d’un point de vue de l’agression publicitaire, sans aucun garde fou.

Le minimum serait par exemple, d’éteindre les abribus, en dehors des périodes de service, comme c’est prévu pour les informations voyageurs.

La question des nouvelles technologies est aussi, pour le moins, ambivalente : il est prévu un écran de 32 pouces, qui ne devrait servir qu’à une information générale, mais la publicité reste envisageable et possible. La présence d’écrans sur l’espace public n’est pas anodine. Elle amène une pollution visuelle supplémentaire en attirant le regard de passants et des voyageurs, au détriment de la beauté du paysage urbain parisien.

Enfin il n’est pas prévu de garde-fous contre les techniques de vidéosurveillance ou la vente des données personnelles par les services internet intégrés au mobilier urbain. Loin d’être de la science fiction, ces fonctionnalités étaient envisagées un temps pour les écrans publicitaires du métro.

A quand des abris pour les voyageurs ?

Plutôt que ce montage bancal, nous continuons de demander :
– un marché ouvert à d’autres opérateurs (y compris ceux du tiers secteur)
– une réduction de la taille des publicités à 50×70 cm
– l’ouverture à de l’affichage associatif et/ou artistique
– un éclairage qui se concentre sur le service public et non sur la publicité
– éviter les gadgets nouvelles technologies du type écran géant
– imposer un droit de veto sur les affiches publicitaires, en cas de sexisme, violence ou autre message en contradiction avec les principes prônés par la municipalité.

Au lieu de transformer le temps d’attente du bus en « temps de cerveau humain disponible », la Ville doit plutôt travailler à un service aux voyageurs de qualité et indépendant.

(1) voir rapport de la chambre régionale des comptes du 3/2/2006 http://www.ccomptes.fr/index.php/Publications/Publications/Commune-Paris-gestion-de-la-publicite-et-du-mobilier-urbain

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