Depuis cet été, 55 panneaux numériques sont apparus sur le parvis de la Défense (92). Le célèbre quartier d’affaire devient donc la vitrine commerciale de l’afficheur JCDecaux pour ses nouveaux jouets technologiques qui, selon une employée du groupe Total, sont « très pratiques [car] ils donnent l’heure » [1].
On retrouve bien là le modus operandi qui a fait de JCDecaux le premier afficheur mondial : « offrir » à une municipalité un service (affichage d’informations locales d’intérêt plus ou moins général, installation et entretien d’abris pour les voyageurs, etc.) en échange de l’exclusivité de l’exploitation publicitaire sur ces supports.
Ici, en plus de donner l’heure, les nouveaux panneaux feront défiler la moitié du temps des informations ou des contenus choisis par De Facto, le gestionnaire de la Défense, et l’autre moitié, de la publicité. Ce partage du temps fait rentrer ces supports dans la catégorie des mobiliers urbains, lesquels ont certains avantages par rapport aux panneaux publicitaires classiques dans le code de l’environnement, notamment le fait qu’ils sont exclus de la règle de densité [2] et qu’ils n’ont pas l’obligation d’être éteints la nuit entre 1h et 6h du matin.
JCDecaux, comme tous les afficheurs actuellement, commence donc son offensive sur les panneaux numériques, offensive rendue possible grâce au Grenelle de l’Environnement et de son volet « paysages », mais aussi grâce au refus des gouvernements Ayrault et Valls de revenir sur les nombreux cadeaux faits aux afficheurs.
Ces derniers espèrent beaucoup des écrans numériques car ils captent bien mieux l’attention que des panneaux à images fixes et non lumineuses, et sont donc vendus plus chers aux annonceurs.
Aujourd’hui, JCDecaux peut montrer son « savoir-faire » dans ce domaine grâce à sa nouvelle implantation à la Défense, et pourra mieux vendre sa nouvelle offre à d’autres villes de par le monde.
A noter qu’un panneau de 28 m² sera intégré à la gare de la Défense, installé par Média Transport (co-détenu par JCDecaux et Publicis) [3]. Le quartier d’affaire va vraiment devenir invivable pour tous les cerveaux rendus disponibles par de dures journées de labeur.
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Notes :
[1] Source Le Parisien du 11 septembre 2014 « 55 écrans pour ne plus rien rater dans le quartier »
http://www.leparisien.fr/espace-premium/paris-75/55-ecrans-pour-ne-plus-rien-rater-dans-le-quartier-11-09-2014-4125279.php
2] [Article R 581-25 du code de l’environnement : Les mobiliers urbains sont en effet présents dans la sous-section suivante, l’article ne s’applique donc pas à ces supports (tous comme les bâches publicitaires, d’ailleurs), rendant cet article sur la densité quasiment inutile pour limiter le nombre de panneaux publicitaires.
[3] Source : http://www.defense-92.fr/transports/media-transports-commence-installer-nouvel-ecran-publicitaire-geant