Nous apprenons ces derniers jours par des articles de presse1 que la Ville de Paris va valider le renouvellement de son contrat avec JCDecaux concernant les mobiliers urbains publicitaires lors du prochain Conseil de Paris. Si certains points sont positifs, la Ville compte autoriser l’afficheur à transformer 15 % de son parc en panneaux numériques, pourtant explicitement interdits par son règlement local de publicité (RLP).
Le contrat entre JCDecaux et la Ville de Paris doit se terminer à la fin de cette année. Contrairement à Grenoble, Paris a décidé de le renouveler pour cinq ans, soit jusqu’en 2022. Si ce renouvellement est problématique, puisqu’il a été fait sans aucune concertation avec les habitants ou les associations comme la nôtre, et que nous aurions préféré qu’il ne se fasse pas, nous notons tout de même quelques points positifs :
- la fin des 350 panneaux de 8 m², qui seront néanmoins remplacés par des « sucettes » de 2 m² ;
- l’extinction des panneaux entre 1h et 6h du matin, mais seulement pour le mobilier numérique ;
- la dissociation du contrat avec celui du système de vélo en libre-service, Vélib’, sans toutefois savoir qui reprendra ce contrat et si ce repreneur ne trouvera pas judicieux, comme Bolloré avec Autolib’, de mettre de la publicité sur les vélos pour financer une infime partie du service.
Malgré ces quelques avancées, il reste un point noir : 15 % des nouveaux panneaux seront numériques et connectés. Nous craignons donc l’arrivée de près de 300 écrans dans les rues de Paris. N’ayant pas été consultés, nous ne savons pas de quelle nature seront ces écrans, s’ils seront purement consacrés à des informations locales, ou partagés avec des annonces publicitaires. Dans le second cas, ce serait en totale contradiction avec l’article P4.1.1 du RLP de Paris. De même, nous nous interrogeons sur la capacité de ces dispositifs à tracer la population par le biais de leurs téléphones, ce qui serait aussi en infraction avec le RLP (article P1.7).
Mais, qu’ils soient publicitaires ou non, ces nouveaux écrans banaliseront encore cet objet dans l’espace public, alors même qu’un foyer moyen possède déjà entre 8 et 10 écrans (TV, ordinateur, tablette, ordiphone…).
Pire, ces panneaux légitiment la pratique très douteuse de quelques enseignes, de plus en plus nombreuses, qui installent des écrans derrière leurs vitrines, se protégeant derrière l’arrêt « Zara »2, alors même que le RLP interdit ces pratiques, par l’article E2-2 qui dispose que les enseignes sont interdites « sur, devant, ou immédiatement derrière une baie ».
Nous regrettons donc que la Ville ne nous ait pas consultés, mais aussi, à travers son communiqué, qu’elle fasse siennes les déclarations des afficheurs qui tentent de faire croire que les écrans sont « écologiques » en permettant d’économiser du papier, sans évoquer leur production, loin d’être écologique (extraction de terres rares, production en Asie, etc.). Ou, sur le même thème, en laissant penser que les nouveaux panneaux, non numériques, seront plus sobres en consommation que les précédents : nous ne répéterons jamais assez que le panneau le moins polluant est celui qui ne consomme pas d’énergie, donc non déroulant et non éclairé, et donc surtout pas numérique.
Nous nous satisfaisons donc que la Mairie déclare vouloir diminuer la publicité à Paris. Nous en contestons néanmoins la méthode.
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Notes
1 – Paris: Le marché des panneaux publicitaires reste géré par JCDecaux mais pas celui des Vélib’ – 20 Minutes, 01/03/2017
Paris: la mairie va supprimer les grands panneaux publicitaires – France Soir, 01/03/2017