Les intrusions publicitaires, commerciales et idéologiques en milieu scolaire, que nous dénonçons dans notre manifeste, sont de plus en plus graves et fréquentes.
Ajoutons à la liste des nombreux cas déjà relevés :
– La vente des résultats des examens par la société France-examen « avec le concours des Rectorats et des Inspections académiques »
– « L’agrément du Ministère de l’éducation nationale » accordé à un concours publicitaire organisé par les centres Leclerc. Sous couvert d’un concours d’écriture, le Ministère associe son logo à celui d’E. Leclerc dans une publicité pour les centres Leclerc, les « Espaces Culturels E. Leclerc » et les « rayons culturels des magasins E.Leclerc ».
– Le partenariat conclu entre le Ministère de l’éducation nationale et le Mouvement des entreprises de France (MEDEF) pour organiser chaque année une « semaine école entreprise » dans les collèges et lycées.
Dérive après dérive, constatons que c’est un véritable système qui tend à se mettre en place.
Il est urgent que ces pratiques, qui minent le service public d’éducation nationale, le subordonnent aux pouvoirs d’argent, soient clairement dénoncées et qu’un véritable débat s’engage sur ces questions.
Il est nécessaire d’expliquer que, malgré le rappel trompeur de principes fondamentaux, le « Code de bonne conduite des interventions des entreprises en milieu scolaire » est au service de la marchandisation de l’école.
Cette circulaire, contrairement aux principes qu’elle était censée garantir, autorise la publicité (sur les produits multimédias, les documents éducatifs, les plaquettes d’établissements…), introduit la notion marchande de neutralité commerciale, et vise à développer les « partenariats ». A l’évidence, ce texte accompagne une politique de désengagement de l’État. D’un côté, le Ministère diminue les ressources allouées aux établissements, impose une décentralisation sans moyens, de l’autre, il incite ses services et les établissements à se tourner vers les entreprises. Voilà une bien curieuse manière d’assurer le « respect du principe de neutralité » et « l’interdiction de tout démarchage en milieu scolaire ».
S’il fallait apporter une preuve de la duplicité de ce code, le ministère s’en est d’ailleurs lui-même chargé : après avoir laissé entendre que cette circulaire permettrait l’interdiction du jeu boursier du CIC et de pratiques du même type, il justifiait en 2003 l’organisation de ce jeu par… l’application de cette même circulaire !
Rappelons qu’en juillet 2004, le Tribunal administratif de Cergy-Pontoise déclarait l’organisation de ce jeu illégale.
Le « Code de bonne conduite des interventions des entreprises en milieu scolaire » a montré depuis sa publication en 2001 qu’il ne garantissait nullement la neutralité et que, bien au contraire, il autorisait qu’elle soit bafouée en encourageant les interventions des entreprises et intrusions multiples en milieu scolaire.
A noter :
De nombreux parlementaires, interpellés à propos de cette circulaire, ont réaffirmé leur attachement au service public d’éducation nationale, au respect de sa neutralité et posé des questions écrites au Ministre de l’éducation à propos de ce texte.
Certains d’entre eux ont demandé l’annulation de la circulaire :
M. J-P. Blazy (Val d’Oise), Mme M-G. Buffet (Seine St-Denis), M. Y. Cochet ( Paris), M. M. Dolez (Nord), M. A. Falcon (Pas de Calais), M. A. Gerin ( Rhône), M. J-P. Kucheida (Pas de Calais), M. J-C. Lefort (Val de Marne), M. F. Loncle (Eure), M. M. Valls (Essonne).
(liste probablement incomplète )
Monsieur Yves Cochet et Monsieur Simon Renucci sont, d’autre part, signataires de notre manifeste.
Merci de communiquer remarques et propositions et de relayer notre initiative pour obtenir l’annulation du « Code de bonne conduite des interventions des entreprises en milieu scolaire »
Christiane Levilly.