Tribune : Publicité lumineuse : « 100 pétitions n’ont pas suffi à faire pencher les députés du RN, LR et Renaissance »

TRIBUNE. Plusieurs associations s’insurgent dans une tribune du rejet par des députés Renaissance, LR et FN d’une proposition de loi de la niche EELV portant sur la limitation des écrans digitaux de publicité dans l’espace public.

80 % des Français et des Françaises favorables à la réduction de la publicité lumineuse dans l’espace public, 54 % plébiscitant son interdiction pure et simple, plus de 67.000 citoyen·nes signant une pétition adressée directement au président de la République et plus de 100 pétitions locales lancées dans autant de villes pour demander cette interdiction n’auront pas suffi à faire pencher les député·es du RN, LR et Renaissance du côté de l’intérêt général.

Le mardi 28 mars, les député·es de la commission développement durable de l’Assemblée Nationale ont rejeté l’article unique de la proposition de loi n°888 déposée par Delphine Batho visant l’interdiction de toute forme de publicité lumineuse et numérique dans l’espace public.

Malgré un exposé des motifs, clair et exhaustif, détaillant les innombrables effets néfastes de la publicité lumineuse tant d’un point de vue sanitaire qu’écologique, les député·es Renaissance, Les Républicains et du Rassemblement National ont tenu à mettre un terme à l’examen et aux discussions (à peine entamées) en déposant une série d’amendements de retrait de l’article unique de la proposition. Face à cette volonté d’éviter le débat, plusieurs député·es (issu·es des groupes EELV, PS et LFI) ont apporté leur soutien à la proposition de loi, quand d’autres (LIOT, Modem et indépendants, Horizons) ont exprimé leur souhait de poursuivre les discussions et de travailler conjointement à une proposition de loi limitant, a minima, la place de ces dispositifs publicitaires. Le débat n’aura finalement pas lieu : l’article unique de la proposition de loi est retiré par 29 voix contre 20.

’adoption des amendements de retrait de l’article est fortement regrettable tant sur le fond que sur la forme.

En rejetant la proposition de loi, ces député·es, ont manifestement choisi de faire primer les intérêts privés des afficheurs sur l’intérêt de toutes et tous. Reprenant à tour de rôle les éléments de langage des géants de la publicité extérieure1, les député·es de ces groupes ont multiplié les approximations, les affirmations non chiffrées et les attaques de principe. Pendant que les Français·es demandent massivement la réduction voire l’interdiction des panneaux publicitaires lumineux dans l’espace public, la représentation nationale réunie en commission décide de mettre cette aspiration citoyenne sous le tapis en empêchant la possibilité même d’un débat au sein de l’hémicycle.

Sur le fond, l’adoption de cette proposition de loi est indispensable pour réduire notre consommation d’énergie et agir concrètement en faveur d’une sobriété énergétique socialement juste. En effet, la sobriété vantée par le gouvernement depuis cet automne ne peut reposer uniquement sur les individus sans jamais imposer de restrictions aux entreprises, en particulier lorsque cette consommation d’énergie celle-ci est « superflue »2.

Il est, dès lors, très inquiétant de voir que même en présence d’une source de consommation énergétique n’ayant aucune utilité sociale et alors que nous devons accélérer le rythme de réduction de notre consommation d’énergie pour atteindre nos objectifs climat, le groupe Renaissance, main dans la main avec la droite et l’extrême droite, est incapable d’agir concrètement pour la réduire.

Face à l’accélération du dérèglement climatique, à l’intensification de ses conséquences sur nos sociétés, aux difficultés d’approvisionnement énergétique et à l’explosion des prix de l’énergie pour les ménages, le minimum serait de créer les conditions d’un débat permettant de déterminer quels sont les usages prioritaires et ceux qui le sont pas ou s’il est bien raisonnable de continuer à développer dans l’espace public des objets qui poussent à l’hyperconsommation et nous sont imposés sans notre consentement. Après avoir saboté les travaux de la Convention Citoyenne pour le Climat, la majorité continue de saper les tentatives de légiférer sur le front climatique au mépris de la population et de la société civile.

Elise Ayrault, porte-parole Alternatiba
Donatien, militant Extinction Rebellion France
Charlotte Ribaute, co-présidente de Résistance à l’agression publicitaire
Khaled Gaiji, président des Amis de la Terre France
Marie-Hélène Lafage, porte-parole du collectif Plein La Vue
Nicolas Nace, chargé de campagne transition énergétique à Greenpeace France
Emma Tosini, porte-parole ANV-COP21
Prune Lladser, co-présidente de CliMates
Anthony Lubrano, porte-parole de Bizi!