Les écrans publicitaires vidéo sont le nouveau moyen trouvé par les publicitaires pour imposer des messages à notre attention. Ces dispositifs sont néfastes, c’est pourquoi il est nécessaire de dire stop avant qu’ils n’envahissent encore plus notre quotidien !
Contexte
Depuis 2008, les écrans publicitaires sont arrivés dans le métro parisien. À partir de 2010, le déploiement a été développé par la RATP. Depuis ce moment, ils sont implantés dans nos gares, métros, centres commerciaux, derrière les vitrines des magasins, parfois même dans les toilettes… Ces écrans énergivores et agressifs s’installent dans les rues suite à la révision des règlements locaux de publicité dans les villes de France. L’industrie publicitaire de l’affichage poursuit leur normalisation. L’implantation d’écrans publicitaires lumineux croît de manière importante dans l’espace public (+16% en 2017). La multiplication de ces écrans apparaît en contradiction avec la volonté d’accélérer la transition énergétique et de renforcer la protection de la biodiversité. C’est maintenant qu’il faut nous faire entendre à l’échelle nationale, pour peser dans les débats ! L’action se déroulera à la fois dans l’espace public et sur les réseaux sociaux pour démultiplier l’impact médiatique.
Problèmes
On reçoit en moyenne entre 1200 et 2200 messages publicitaires par jour. Avec l’installation d’écrans publicitaires vidéo un peu partout, ce matraquage s’amplifie encore et devient insupportable ! Plus encore que les affichages papiers, avec sa luminosité et ses images en mouvement, la publicité vidéo s’impose au regard en captant l’attention et va à l’encontre de la liberté de réception des citoyens.
Si on demande leur avis aux citoyens, ils rejettent l’installation de ces dispositifs. Pourtant cet avis est bien souvent ignoré et c’est l’intérêt des publicitaires qui prime.
À une époque où le gouvernement nous dit de faire attention à notre consommation électrique, l’implantation massive d’écrans publicitaires va à l’encontre de toute logique écologique en ajoutant de nouveaux supports consommant plus que les anciens.
La consommation énergétique de ces écrans amène un surplus de consommation et un gaspillage énergétique. Un panneau avec une face numérique consomme 7 fois plus que le plus énergivore des mobiliers non numériques et un panneau avec deux faces numériques consomme 13 fois plus. Soit entre 6 8000 et 12 600 Kwh/an. Ce qui équivaut à la consommation de 32 réfrigérateurs-congélateurs combinés. Comment justifier une telle débauche dans le contexte du réchauffement climatique et des engagements pris lors de la COP21 ?
De plus, pour être fabriqués, ces écrans requièrent là encore de l’énergie mais aussi des matériaux qui sont limités et dont l’extraction se fait souvent au mépris de l’environnement et de la santé des populations locales.
En plus de la pollution induite par la consommation électrique et la fabrication des dispositifs, la publicité lumineuse dans l’espace public représente une pollution à plusieurs échelles, nocive pour la biodiversité. Les écrans sont à l’origine d’ une pollution lumineuse supplémentaire dans nos villes qui le sont déjà assez. Ils empirent les soucis rencontrés par la faune et la flore locales.
Dans la recherche en sciences cognitives, les écrans sont considérés en partie responsables de surcharges cognitives. L’industrie publicitaire étant basée sur l’économie de l’attention, on ne s’étonnera pas que tout est fait pour l’attirer, y compris jouer sur nos automatismes. Ainsi, selon plusieurs scientifiques en sciences cognitives, « cette technologie exploite le fait que toute image en mouvement dans la périphérie du champ visuel capture automatiquement l’attention de l’individu. Cette réaction automatique, héritage de notre évolution au cours de laquelle le danger pouvait surgir sans prévenir, s’accompagne d’une augmentation du niveau d’alerte et de stress qui favorise la mémorisation du message ».
Notre attention est précieuse. Mais « dans un espace public saturé de technologies, l’attention s’épuise » et nous avec. Défendons-la !
Nous passons déjà beaucoup de temps devant les écrans dans les espaces privés. En 2013, le nombre d’ écrans en moyenne par foyer était déjà de 6,5. L’installation de nombreux écrans publicitaires dans l’espace et les transports publics participent à leur banalisation alors même qu’ils posent des problèmes de santé publique, en particulier chez les plus jeunes. Selon des médecins et spécialistes, « la surexposition des jeunes enfants aux écrans est un enjeu majeur de santé publique », ils sont considérés comme dangereux en particulier pour les enfants de 0 à 4 ans avec un impact retardant leur développement.
Par ailleurs, la publicité a été supprimée des programmes jeunesses de la télévision publique pour la forte influence qu’elle exerce sur les enfants. En cohérence, les vidéos publicitaires ne devraient pas être imposées aux enfants que ce soit dans la rue ou dans les transports publics.
Les écrans étant numériques et connectés, il est facile et peu coûteux d’y ajouter des capteurs comme par exemple des caméras ou des capteurs Wi-Fi. Avec ces capteurs, il est possible de relever nos déplacements en ville, si l’on regarde la publicité et pendant combien de temps, notre origine ethnique, notre sexe, notre âge, etc. Les panneaux étant connectés à internet, ils peuvent ensuite transmettre ces données à l’afficheur qui va pouvoir les revendre. Elles pourront ensuite être recoupées avec d’autres données pour établir une représentation encore plus précise de qui nous sommes. Ainsi, les écrans vidéo sont les chevaux de Troie pour nous espionner, et comme on peut le voir de plus en plus sur internet, imposer de la publicité ciblée.
Si la loi interdit l’utilisation de ces capteurs dans certains cas de figure, l’intention des afficheurs est clairement de les imposer. Le risque de pouvoir être suivi à la trace dans tous ces déplacements grâce aux capteurs des panneaux est réel. Le problème se pose aussi dans les magasins, galeries commerçantes qui suivent aussi à la trace leurs clients ou avec des fédérations de commerçants qui souhaitent le faire dans un centre ville. Protégeons notre vie privée et ne laissons pas les dystopies de la science-fiction devenir la réalité de demain.
Du fait de leur caractère animé, les écrans publicitaires vidéos attirent le regard des conducteurs, les déconcentrent et constituent un risque d’accident. Aux États Unis d’Amérique où ces dispositifs ont été développés, une étude de 2015 sur huit emplacements d’affichage numérique sur les autoroutes en Floride et en Alabama a montré des taux d’accidents significativement plus élevés (25% en Floride et 29% en Alabama) sur des sites proches des panneaux d’affichage numériques. Un nombre disproportionné de collisions arrière et latérales, typiques des accidents causés par la distraction du conducteur.
Par conséquent, les écrans publicitaires sont interdits en bords de route en Belgique pour le danger qu’ils représentent pour les conducteurs. Pourquoi pas en France ? De plus, si le portable est interdit pour ne pas rendre le conducteur inattentif, les écrans publicitaires devraient l’être aussi pour les mêmes raisons.
Demandes
L’espace public est le seul lieu où la publicité est inévitable. Il convient dès lors que les citoyen·nes puissent y avoir leur place et exercer leur droit de non réception des messages publicitaires. C’est le premier lieu où ces dispositifs doivent être interdits. Nous demandons leur interdiction dans la loi nationale. Faute de mieux, il est aussi possible d’interdire ces dispositifs dans les règlements locaux de publicité - comme c’est le cas à Paris - et que les collectivités territoriales proscrivent les écrans numériques publicitaires dans leur contrat de concession pour les mobiliers urbains.
Après un développement chaotique des écrans numériques publicitaires derrière les baies vitrées, il est dorénavant et légalement possible de limiter leur place. Mais suite à un lobbying intensif des afficheurs,il n’a pas été possible de les faire interdire. Ces dispositifs sont déjà trop présents, continuent de nous polluer au quotidien sans notre consentement. Une loi les interdisant permettrait de redonner à notre espace public de faire cesser cette agression.
Le transport en commun relève d'une mission de service public. La liberté de circulation est un droit et les transports en commun au sein d’un service public doivent en garantir. Pourtant, des écrans diffusant des vidéos publicitaires envahissent progressivement les gares et les métros. Ce choix fait à l'encontre des attentes et du bien-être des usagers n'est pas acceptable ! Une loi nationale doit interdire ces dispositifs dans les gares et stations de transports en commun.