Ce mardi 1er février, le groupe de travail chargé de la révision du règlement local de publicité (RLP) de Paris se réunira une dernière fois et ce sera l’ultime occasion d’amender le projet de texte. Ensuite la procédure d’approbation se déroulera sans possibilité de le modifier ni de l’améliorer.
L’actuel règlement, qui date de 1986, commençait à être désuet face aux nouveautés technologiques utilisées par les publicitaires. En 2007, ces derniers avaient fait échouer, pour des raisons procédurales, une tentative de nouveau RLP, qu’ils jugeaient trop strict à leurs yeux.
R.A.P., à la différence des publicitaires, n’a pas été invitée pour l’élaboration du nouveau RLP. Néanmoins, nous avons pris connaissance du projet de RLP et nous donnons ici des pistes pour :
1- rectifier les reculs par rapport au projet de 2007
2- éviter qu’il soit trop timide face à l’agression publicitaire et à la pollution du paysage urbain parisien.
Pour que le RLP ne soit pas une reculade par rapport à sa version de 2007 :
Nous demandons à ce que les [*écrans numériques*] soient interdits, comme cela a été fait récemment à Pau, espérant ainsi donner l’exemple pour les autres villes de France et de Navarre.
Le projet de RLP prévoit la possibilité d’apposer des publicité sur les murs avec de petites fenêtres ; il est souhaitable que l’affichage reste cantonné aux murs complètement aveugles, sous peine de voir fleurir des dizaines de panneaux supplémentaires, s’il en était besoin.
Pour un RLP vraiment ambitieux :
Nous demandons que le format maximal des panneaux ne puisse excéder 2m², car la limite proposée de 8 m² est encore insuffisante et laisse perdurer à Paris les grands panneaux publicitaires : entre 8 et 12 m², on ne voit pas la différence !
De même que le format des publicités sur bâches ne devrait pas excéder 8 m².
Le projet de RLP devrait également limiter le nombre de panneaux par emplacement à un et non à deux comme cela est prévu. Si on réduit les formats, il faut éviter qu’il y en ait deux l’un à côté de l’autre.
Pour éviter que le comportement des citoyens soient espionné par les publicitaires, nous demandons l’interdiction de tout dispositif de capteurs d’audience. L’espace public n’a pas à devenir un laboratoire et les Parisiens n’ont pas à devenir à leur insu les cobayes de ces expériences.
Nous souhaitons aussi limiter fortement l’apparition de nouveaux procédés publicitaires. Ainsi, nous demandons l’interdiction de la publicité olfactive, sonore, par projection, en volume ou en relief.
Nous notons que le projet de RLP prévoit une interdiction de la publicité « visible d’une autoroute ou d’une route express » : alors que la seule vraie autoroute urbaine est le boulevard périphérique, nous demandons que celui-ci soit explicitement inclus dans les interdictions.
Nous demandons en outre qu’on interdise les publicités sur les véhicules individuels, et qu’on limite en taille les publicités sur les véhicules de transport public. Ainsi, le pelliculage des bus et des taxis devrait être interdit.
Par mesure d’économie d’énergie, nous demandons que les dispositifs d’affichage éclairés et défilants soient éteints de 22h à 7h, ainsi que lors des pics de consommation électrique. Nous proposons par ailleurs de freiner au maximum cette mauvaise mode d’utiliser pour le mobilier urbain le défilement des affiches, car cela constitue un gaspillage énergétique et l’utilisation de l’animation pour attirer encore plus le regard. Ainsi nous proposons d’interdire le défilement pour les kiosques à journaux et les colonnes Morris.
Enfin, nous proposons de supprimer l’autorisation de publicité aux bouches de métro, qui devraient être consacrées à l’information des voyageurs ; le réseau RATP est par ailleurs suffisamment saturé pour pouvoir épargner la rue et l’espace public.
Le RLP de Paris peut et doit être un modèle en matière d’éradication de la pollution visuelle et mentale que constitue la publicité. Paris ne doit plus être la vitrine commerciale mondiale de JCDecaux.
Prenons exemple sur São Paulo qui a su éliminer la publicité de ses rues, pour le plus grand bien des habitants, et ce, sans nuire au commerce ni devenir une succursale de Pyongyang.
Paris, le 27 janvier 2011