Abandon d’un projet de panneau : une belle victoire contre l’agression publicitaire

Dans le 10e arr. de Paris, un collectif de locataires s’est mobilisé durant deux mois et demi pour arrêter le projet d’abattage d’un arbre au profit de l’installation d’un panneau publicitaire de l’entreprise Clear Channel. Les habitants du logement social de la rue Demarquay géré par la RIVP (1) ainsi que des riverains avaient lancé une pétition et alerté des associations et les pouvoirs publics.


L’association RAP félicite ce collectif de locataires et les riverains pour leur courageuse mobilisation qui a permis d’éviter un drame, de préserver le cadre de vie et de sauver un arbre.

Le slogan « Ici un arbre pas une pub » n’a jamais été autant d’actualité. A la différence que dans le cas présent l’arbre est bien resté et que la publicité, elle, a été boutée hors du jardin de cette résidence.
Une victoire symbolique pour tousIl s’agit donc d’une victoire symbolique et encourageante pour tous les mouvements qui luttent contre la publicité. Le noyau de cette mobilisation (2) a su rester ferme.

En septembre 2012, les locataires du 1, rue Demarquay sont informés de l’installation d’un panneau publicitaire déroulant et rétro-éclairé de 8 m2 de l’afficheur Clear Channel. Les locataires se mobilisent rapidement, malgré une tentative d’intimidation de Clear Channel qui leur explique par téléphone : “Vous n’êtes personne”.

Le collectif de locataires, dès octobre 2012, mène des actions pour informer et alerter des problèmes que poserait ce panneau publicitaire au pied de leur immeuble: abattage d’un arbre, dégradation du cadre de vie, agression visuelle et sonore. Les associations Paysages de France et Résistance à l’agression publicitaire, le Collectif des déboulonneurs et le journal Le Publiphobe les ont soutenus moralement et logistiquement. Leur pétition a rassemblé près de 500 signatures.

Ils ont posé une banderole « Arbre menacé, ici bientôt un panneau publicitaire » de 8 m2 au niveau de l’emplacement prévu pour le panneau publicitaire afin de rendre public le projet de la RIVP et de Clear Channel.Le 11 décembre, Dans un article du Parisien, les locataires et les militants apprennent la bonne nouvelle : « Le collectif de la rue Demarquay a obtenu gain de cause. La RIVP vient de reculer devant la fronde d’un collectif d’habitants (3). »

Félicitations aux locataires mobilisés dans cette lutte
L’association RAP félicite ces locataires qui ont su rester tenaces face au broyage mis en œuvre par le système publicitaire. RAP envoie aussi un message à tous les citoyens publiphobes qui se trouvent dans des cas similaires. Même si le chemin paraît difficile, avec de la conviction, il n’est jamais trop tard pour répondre au système publicitaire, préserver son cadre de vie et mener des actions pour l’empêcher de continuer son expansion.

Notes:

(1) Régie immobilière de la Ville de Paris

(2) Chronologie de la lutte sur le site internet de l’association RAP, fondée sur les témoignages des membres du collectif

(3) Le Parisien, article du 11 décembre 2012 intitulé « Des villes en guerre contre la publicité »

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ANNEXE

Chronologie de l’affaire « Demarquay »

28 septembre 2012

Les locataires du 1, rue Demarquay, 75010 Paris (près de la gare du Nord), logement social géré par la Régie immobilière de la Ville de Paris (RIVP), sont avisés, par voie d’affichage, qu’un panneau publicitaire de 8 m2 de l’afficheur états-unien Clear Channel, déroulant, rétro-éclairé, scellé au sol, sera installé, avant fin 2012, dans le jardinet sur rue. De toute évidence, cela ne pourra se faire sans élaguer gravement, voire abattre, un des trois ailantes (arbre de 15 mètres de haut) présent à cet endroit. Sans parler du gaspillage d’énergie, de la pollution sonore et visuelle, du matraquage mercantile.

Vers le 1er octobre

Un membre du Collectif des locataires téléphone à Clear Channel pour protester et s’entend répondre : « Vous n’êtes personne. »
Début octobre
Le Collectif des locataires obtient de la RIVP une copie du dossier technique lié à ce projet de panneau : il découvre que l’accord entre la RIVP et Clear Channel remonte à juillet 2011 (soit plus d’un an). Par ailleurs, il obtient le soutien moral et logistique des associations antipublicitaires (Collectif des déboulonneurs, Paysages de France, Le Publiphobe, Résistance à l’agression publicitaire).

Mi-Octobre

Le Collectif des locataires commence à diffuser une pétition auprès des riverains et sur le marché du quartier. Les premières signatures arrivent vite.

5 novembre

Le Collectif des locataires dépose un vœu devant le conseil d’arrondissement présidé par le maire, leur demandant d’intervenir auprès de la RIVP pour empêcher que l’irrémédiable ne soit commis. Le vœu est accompagné par les 200 premières signatures de la pétition.

7 novembre

Pose, à l’emplacement du futur panneau, d’une banderole de 8 m2 (« Arbre menacé, ici bientôt un panneau publicitaire »), en présence de membres des associations antipublicitaires.
8 novembreUn responsable de la RIVP vient arracher, de façon agressive, la banderole, que les locataires récupèrent et réinstalleront provisoirement.Côté pétition, 350 signatures ont été recueillies.

Mi-novembre

Le Collectif des locataires apprend par courrier que, dans un esprit d’apaisement, l’installation du panneau est repoussée au premier trimestre 2013 (jour férié non compris, ce trimestre commencera le 2 janvier…).
Début décembre La pétition a recueilli 450 signatures.

11 décembre

Dans un article du Parisien intitulé « Des villes en guerre contre la publicité », les locataires et les militants apprennent la bonne nouvelle : « Le collectif de la rue Demarquay a obtenu gain de cause. La RIVP vient de reculer devant la fronde d’un collectif d’habitants. Hier soir, la régie, “qui ne voulait pas mettre de l’huile sur le feu”, confirmait “la vive opposition des locataires” et annonçait “avoir demandé à l’opérateur Clear Channel de déplacer le panneau ailleurs dans Paris”… »

12 décembre

Le Collectif des locataires appelle la RIVP qui lui confirme la nouvelle.

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