Communiqué du 12 novembre 2015
La COP21, la conférence des Nations Unis pour tenter de parvenir à endiguer le changement climatique, aura lieu début décembre à Paris. Pour financer une partie de cette conférence, le gouvernement français, qui l’organise, fait participer des partenaires privés
Or, ce faisant, il permet à quelques-uns des plus fameux pollueurs de verdir leur image à moindre coût. Il s’agit en effet de quelques-unes des grandes marques qui polluent la planète par leurs activités, et qui colonisent nos imaginaires par des campagnes de publicité agressives. Leur liste est d’ailleurs assez proche de la liste des quinze plus grands annonceurs établie par l’Union des annonceurs chaque année.
Les publicitaires partenaires de la COP21
Citons plus particulièrement :
– JCDecaux, premier afficheur mondial, et donc plus grand responsable de la pollution visuelle et de l’incitation à la surconsommation dans l’espace public ;
– le groupe Bolloré, à travers sa filiale Blue Solutions, propriétaire de l’agence de publicité Havas (ex-Euro RSCG), poids lourd du marché publicitaire.
De surcroît, non content d’offrir une vitrine exceptionnelle à ces entreprises climaticides, le gouvernement leur laisse aussi le soin d’élaborer ses campagnes de communication autour de la COP21 : BETC, filiale d’Havas, a en effet été choisie pour s’occuper de la campagne « affichage » alors que CAPA Entreprises s’est chargée du film.
Ainsi la pieuvre publicitaire s’affiche à la COP21 avec la bienveillance du gouvernement et l’argent des contribuables.
Faire la communication des pétroliers autant que celle des ONG
Mais il y a plus déroutant encore : en effet de grands acteurs de la société civile donnent caution au système publicitaire.
Ainsi, la Fondation Hulot, alors que Nicolas Hulot est envoyé spécial de François Hollande pour la protection de la planète, est passée par l’agence Havas (encore elle) pour élaborer son clip de mobilisation autour de la COP21. De son côté, la Coalition Climat 21 a choisi l’agence publicitaire BDDP & Fils pour élaborer sa campagne de communication, afin de sensibiliser le grand public aux enjeux de la COP21. BDDP & Fils est une filiale de TBWA, qui fait partie du 2e plus gros réseau d’agences, Omnicom Group.
Le système publicitaire pollue
Entre Havas, BDDP, TBWA, BETC et CAPA Entreprises, nous avons la communication des plus gros pollueurs qui soient : de la « malbouffe » aux banques qui financent les énergies fossiles, en passant par des constructeurs automobiles, des équipementiers sportifs qui font produire leurs chaussures par des enfants à l’autre bout du monde, sans oublier quelques compagnies aériennes ou encore la grande distribution…, autant d’activités qui sont directement impliquées dans le dérèglement climatique.
Agir ainsi, c’est faire croire que le système publicitaire est neutre et qu’il peut promouvoir aussi bien le pétrole que les grandes causes.
Pire, c’est lui permettre de se faire passer pour utile à la société.
Ajoutons que la plupart de ces campagnes pour des ONG récupèrent des prix aux différents festivals de films publicitaires, prix qui sont l’occasion d’une autopromotion de plus.
Le système publicitaire, comme à son habitude, pollue partout où il peut pour que jamais son existence ne soit remise en cause. Parmi tous les très mauvais présages qui planent sur la COP21, son rôle n’est pas le moindre.