Lutte contre l’affichage sauvage : le Conseil de Paris adopte le vœu des élu·es écologistes

  • Créer un « mur de la honte » sur le site de la Ville de Paris pour afficher les marques ayant recours à la publicité sauvage ;

  • verbaliser systématiquement les infractions constatées ;

  • se prononcer fermement pour la dissolution des agences de street-marketing…

Voici quelques-unes des propositions du groupe Les Écologistes adoptées ce jeudi 16 mars 2023 par le Conseil de Paris.

Républicains mis à part, les élus de la Ville ont voté le vœu sur l’affichage sauvage porté par le groupe écologiste de Paris, avec l’avis favorable de l’exécutif..

Espérons que ce vœu, le sixième approuvé sur le sujet depuis 2016, sera suivi de plus d’effets que ceux qui l’ont précédé. Pour l’heure, force est de constater que les pollueurs ont le champ libre.

10 ans de dérives publicitaires « originales »

Depuis les années 2013-2014, les murs de la Capitale sont pris d’assaut par plusieurs agences de publicité spécialisées dans la « guérilla marketing », une technique de communication très prisée des grandes marques qui cherchent à s’offrir une image de rebelles innovants.

Ces agences, qui agissent à visages découverts, ne tiennent aucun compte du règlement local de la publicité ou du code de l’environnement. Elles revendiquent au contraire l’illégalité de leurs pratiques au nom de la liberté d’expression artistique et d’une soi-disant originalité. Elles prétendent aussi ce faisant s’inscrire dans la continuité historique des petits afficheurs locaux (acteurs associatifs notamment) ayant fait le choix de l’affichage sauvage faute de disposer du budget suffisant pour accéder aux supports traditionnels de la publicité. Héritières de façade, elles ne se privent pas, en toute logique, de monopoliser à des fins commerciales les rares supports consacrés à l’affichage libre.

Plutôt que de liberté ou de créativité, il faudrait parler d’accaparement de l’espace public et de pollution (visuelle et environnementale). En janvier 2022, la mairie de Paris estimait que l’affichage sauvage colonise près de 500 espaces publics ou privés de la ville1. Chaque jour, des dizaines d’agents sont mobilisés pour nettoyer environ 320 mètres carrés. Ils laissent derrière eux des murs encore souillés, dégradés et difficilement récupérables.

Seaux et brosses compris, la municipalité dispose de faibles moyens d’action pour faire face aux attaques publicitaires. Les amendes prévues par le code de l’environnement, mais rarement infligées, sont d’un montant peu dissuasif pour les grandes enseignes. Qu’est-ce que 7 500 euros pour une grande marque ? La ville doit d’ailleurs attendre cinq jours pour verbaliser. Entre temps, les affiches repérées ont été recouvertes par celles des autres « guérilleros ». Elles sont difficilement identifiables. Tout est à recommencer.

Ainsi, les agences jouent au chat et à la souris avec la municipalité. Mais sans trop courir. Elles tirent notamment avantage de la longueur des procédures engagées pour poursuivre tranquillement leurs activités.

Alors que faire ?

En attendant que les pouvoirs publics ne se décident à agir, RAP se mobilise à sa manière contre les agences. En décembre 20212, des militant·es ont décroché des publicités et les ont collées sur la façade de Carré Urbain, l’une des agences de street-marketing sévissant dans la ville. Résultat ? Deux activistes interpellé·es. Comme quoi, la police sait se donner les moyens quand elle identifie de « vilains délinquants », qu’ils soient militant·es antipub ou graffeur·euses. On apprécierait qu’elle mette autant d’énergie dans la lutte contre les pratiques publicitaires illégales, surtout quand ceux qui les pilotent ont pignon sur rue et documentent leurs faits d’arme sur Internet.

L’adoption d’un énième vœu politique pourra-t-il motiver une réelle action en ce sens, susciter enfin un changement ? L’avenir nous le dira. Pour l’heure, réjouissons-nous de la nouvelle et sortons arracher des pubs.


Notes