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Métropole de Lyon

Métropole de Lyon, un panorama clair sur les positions des candidats


Bruno Bernard (Maintenant la Métropole pour nous) et Nathalie Perrin-Gilbert (Lyon en Commun) sont les candidats les plus engagés pour la réduction de la pression publicitaire sur la Métropole de Lyon et pour la protection de l’environnement et de la population. Ils ont une très bonne connaissance des enjeux et des nuisances générées par la publicité et en ont fait une thématique de leur programme respectif. Renaud Payre (La Gauche Unie) présente une sensibilité à la question mais pas de mesures suffisamment précises, alors que, à l’inverse, les propositions détaillées de David Kimelfeld (Ensemble avant tout!) s’avèrent profondément insuffisantes concernant les écrans et bâches. Gérard Collomb (Prendre un Temps d’Avance) affirme ne pas être favorable à la publicité à l’américaine partout dans la Ville de Lyon et annonce vouloir réduire de 60% la présence publicitaire. Il fait référence à certains choix en matière de limitation qu’il a pris en tant que maire de Lyon, par exemple concernant les enseignes du centre-commercial Part-Dieu. Ce discours général, positif, trouve néanmoins ses limites au moment d’interroger le candidat à propos de l’autorisation future de dispositifs nouveaux dispositifs invasifs et/ou géants (écrans et bâches) qui vont augmenter en nombre et en puissance la présence publicitaire sur la Métropole de Lyon .

Le bonnet d’âne revient à François-Noël Buffet (Pour une Métropole Juste) qui ne dispose d’aucun élément programmatique et n’a communiqué aucune proposition en matière de protection du cadre de vie face à la pression publicitaire dans les espaces publics de la Métropole. Ce candidat n’offre aucune garantie face aux stratégies du lobby publicitaire consistant à s’approprier toujours plus nos espaces et services publics et in fine le quotidien de chacun d’entre nous. 

Concernant les lignes rouges (autorisation des écrans numériques et banalisation des bâches publicitaires géants de chantier) tracées par nos deux organisations, elles sont franchies par David Kimelfeld et Gérard Collomb, sous couvert, notamment, de justifications juridiques que nous contestons*. François-Noël Buffet ne s’étant pas prononcé à leur propos démontre une absence de prise de position que nous considérons comme très problématique. En effet, compte tenu de l’insistance des lobbies publicitaires à propos de ces dispositifs, le fait de ne pas avoir de volonté forte en la matière est une porte ouverte à leur développement. Seuls Bruno Bernard et Nathalie Perrin-Gilbert se positionnent explicitement du côté de la protection du cadre de vie contre les écrans vidéos publicitaires (même sur mobilier urbain) et contre l’extension de l’autorisation des bâches publicitaires de chantier aux immeubles non-classés comme Monuments Historiques (le code du patrimoine fixe une dérogation pour les Monuments Historiques à laquelle le niveau local ne peut s’opposer).

*Il serait, selon David Kimelfeld et Gérard Collomb, illégal d’interdire totalement un type de dispositif publicitaire. David Kimelfeld fait précisément référence à une décision du Tribunal Administratif de Lyon. Or une décision en date du 18 septembre 2017 du Conseil d’Etat dit le contraire. Par ailleurs les écrans sont bien interdits pas le code de l’environnement dans les communes de moins de 10.000 habitants, et la publicité au sol est interdite à tout le territoire par exemple.

Bruno Bernard (Maintenant la Métropole pour nous) : Il a développé de manière approfondie la question de la publicité dans son programme de campagne et a pris position tôt sur cet enjeu. Il s’oppose au recours aux écrans vidéos publicitaires et aux bâches  publicitaire géantes. De manière générale, il est favorable à la réduction de la pression publicitaire en ville ce qui passe par la limitation des panneaux à une taille maximale de 4m² dans un premier temps, avec une perspective de limitation à 2m² éventuellement à plus long terme. Il est favorable à la mise en place de zones blanches publicitaires autour des établissements scolaires et s’engage à lancer des expérimentations au cours du prochain mandat. Il agira pour ne pas éclairer les publicités le soir. Concernant l’extinction des enseignes commerciales en dehors des horaires d’ouverture, il est favorable au principe mais ne prendra pas position avant concertation avec le monde commerçant et peut-être avec plus de souplesse. Concernant la présence d’écrans publicitaires dans le métro, il y est défavorable et s’opposera en 2022 au renouvellement dans les termes actuels du contrat entre le SYTRAL et son prestataire. Il se penchera également sur le contrat qui lie la Métropole à son délégataire en matière d’affichage et de mobilier urbain. Le contrat sera étudié précisément pour estimer les conséquences prévisibles de sa remise en cause. Il est prêt à engager une réflexion et mettre en place des outils pour accompagner les communes dans l’application des règles de protection sur leur territoire respectif.

Nathalie Perrin-Gilbert (Lyon en commun) : Elle s’oppose au recours aux écrans vidéos publicitaires et aux bâches  publicitaire géantes. De manière générale, elle est favorable à la réduction de la pression publicitaire en ville ce qui passe par la limitation des panneaux à une taille maximale de 2m². Elle est favorable à la mise en place de zones blanches publicitaires autour des établissements scolaires mais considère que cette proposition a des limites car les enfants ne sont pas seulement exposés aux abords des écoles. Elle agira pour ne pas éclairer les publicités le soir et est favorable au principe d’extinction des enseignes commerciales en dehors des horaires d’ouverture, tout en ayant une démarche vis-à-vis des enjeux de sécurité liés à l’éclairage public. Concernant la présence d’écrans publicitaires dans le métro, elle les désapprouve et est favorable au non-renouvellement dans les termes actuels du contrat entre le SYTRAL et son prestataire. Elle se penchera également sur le contrat qui lie la Métropole à son délégataire en matière d’affichage et de mobilier urbain mais les implications juridiques et économiques devront être prises en compte dans toute réflexion d’interruption éventuelle. Elle considère que la qualité des affichages d’informations d’utilité publique réalisés dans le cadre de cette délégation n’est pas satisfaisante. Concernant le contrôle des publicités et enseignes illégales, elle est favorable à l’accompagnement et au travail commun entre la Métropole et les communes, ainsi qu’avec les associations. Elle pourra intégrer la question de la publicité parmi les critères d’un indicateur à développer sur la qualité de vie sur le territoire

Renaud Payre (La Gauche Unie) : Il est sensible à cette thématique bien que son programme développe peu la question.  Il est favorable à l’idée de réduire la place de la publicité de manière générale, notamment concernant les écrans vidéos publicitaires. Il est opposé fermement aux bâches publicitaires géantes. En revanche, il ne prend pas de position ferme sur la question des écrans car son programme en matière de gouvernance implique que la Métropole prenne en compte les volontés des communes sur cette question. Il ne dispose pas de position précise concernant l’extinction des enseignes commerciales ou l’éclairage des panneaux publicitaires. Il aimerait reprendre en main le caractère trop contraignant du contrat de mobilier urbain avec le prestataire de la Métropole.

David Kimelfeld (Ensemble avant tout!) : Favorable à la réduction de la pression publicitaire là où elle occupe une place trop importante. En revanche, il n’interdira pas de manière globale les écrans publicitaires vidéos sur le territoire de la Métropole, mais cherchera à les limiter au cas par cas. Il est favorable à l’autorisation des bâches géantes qu’il cherchera à mieux encadrer*. Il considère comme impossible juridiquement d’interdire la publicité en fonction des bâtiments et donc de créer des zones spécifiques autour des écoles. Sur cette question, il souhaite mener, en revanche, une action auprès de publicitaires sur la limitation des contenus et réduire la densité. Il est favorable à une limitation des panneaux à 2m² seulement dans les centres villes et secteurs de nature en ville et pour l’interdiction des panneaux de 12m² partout ailleurs. Il propose une extinction des enseignes de 22h à 7h dans les zones de nature en ville, zones résidentielles et zones non-urbanisée et de minuit à 7h ailleurs. Une trame noire sera mise en place en complément de la trame verte et bleue. Il est favorable à l’interdiction d’éclairage des panneaux ou bâches publicitaires. Il est favorable à la réduction des écrans publicitaires dans le métro mais pas à leur interdiction. Il ne remettra pas en cause l’actuel contrat de la Métropole avec son délégataire en matière de gestion du mobilier urbain mais souhaite mettre en place une charte métropolitaine de la publicité. Il est enfin favorable à l’accompagnement technique et humain des mairies.

*Pour rappel, ces bâches ne sont tout simplement pas autorisées à ce jour sur la plupart du territoire de la Métropole en dehors des monuments historiques. Il s’agit avant tout d’une autorisation nouvelle.

Gérard Collomb (Prendre un Temps d’Avance) : Favorable à la réduction de la pression publicitaire avec un objectif annoncé de réduction de 60% de la présence publicitaire sur la métropole et pour le principe d’interdire la publicité autour des établissements scolaires. Favorable au principe d’une réduction de la taille des panneaux avec l’idée de limiter à 2m² au maximum. Ne souhaite interdire la publicité numérique que dans l’hyper-centre de Lyon (donc l’autoriser partout ailleurs puisqu’elle n’existe quasiment pas à ce jour) et considère qu’il n’est pas possible juridiquement d’interdire de manière globale un type de dispositif (ce que nos organisations contestent formellement). Il ne s’oppose pas à l’extension de l’autorisation des bâches publicitaires de chantier aux immeubles non-classés pour des questions de financements des travaux. Concernant les extinctions d’enseigne aux horaires de fermetures des commerces, il ne s’engage pas dans ce sens et indique que les règles en matière d’extinction doivent s’adapter au contexte urbain (extinction plus tardive si le quartier est dynamique). Il est défavorable à l’interdiction des écrans numériques dans le métro. Il propose la mise en place d’une boite à outil technique à disposition des communes avec accompagnement par les services de la Métropole. Il ne compte pas remettre le contrat actuel de mobilier urbain en cause faisant référence notamment au service Vélo’v créé et exploité dans le cadre de cette prestation mais ne se prononce pas sur la qualité de l’information d’intérêt générale développée dans le cadre de cette prestation.

François-Noël Buffet (Pour une Métropole Juste)n’intègre pas cette thématique comme un enjeu de politique locale sur lequel ils deva pourtant se prononcer en début de mandature s’il est élu. Aucun indice dans sa campagne ou son programme ne démontre une compréhension de la question de la publicité sur les  enjeux environnementaux, d’économie de proximité, de sécurité routière, de santé publique, d’appropriation de l’espace public et services publics par l’activité publicitaire. Compte-tenu de la forte pression du lobby publicitaire pour le développement nouveau des écrans numériques et des bâches géantes de chantier, l’absence de position en la matière est une porte ouverte, de manière active ou passive, pour le développement de ces nouveaux dispositifs invasifs qui dégradent fortement notre cadre de vie. La note de -10 qui lui a été attribuée est symbolique du risque de régression liée à l’absence de position sur cette thématique. En effet, avec des élus non-engagés sur cette question, nos villes ne vont pas simplement ne pas voir se réduire la place de la publicité demain, mais au contraire, elles verront sa place grandir dans notre quotidien.