En vue de continuer le débat de façon ouverte et publique, nous réagissons aux propos tenus dans la presse, par l’UPE et le syndicat de l’enseigne.
Le faux argument des emplois
L’UPE, l’Union pour la publicité extérieure, dit dans son communiqué :
« Si dans le cadre de la loi Grenelle 2, l’ensemble de notre profession s’est prononcé en faveur d’une dédensification des entrées de villes et d’une meilleure intégration des dispositifs publicitaires dans l’environnement urbain, elle ne pouvait concevoir que, par la voie d’un décret d’application, l’existence même de son secteur serait aujourd’hui menacée et avec elle les 15 000 emplois directs et indirects qu’il génère. Ce projet de décret, dans sa rédaction actuelle, sonne la disparition programmée d’un média de proximité qui rend un service reconnu aux entreprises, aux collectivités, aux acteurs culturels… «
Autrement dit, on en enlève un ou deux, mais pas question de toucher à l’essentiel de notre métier, c’est à dire l’invasion et la dégradation de l’espace public !
Il est dans l’habitude pour les professionnels d’exagérer les conséquences. Quelles seront-elles vraiment ? Les zones les plus dévastées devraient être dépolluées, car il ne pourra y avoir qu’un panneau tous les 80 mètres, et non enchaînés tous les 10 mètres comme c’est parfois le cas. Mais, le 4×3 restera le format standard, car il n’est même pas question de toucher aux panneaux qui polluent le plus le paysage. Alors les afficheurs n’ont pas de quoi crier au scandale… Voir notre analyse du décret.
L’argument de l’emploi est parfaitement insidieux. Ces 15 000 emplois annoncés (surévalués ?) sont à comparer aux emplois générés par le tourisme, tourisme essentiellement basé sur la beauté de notre pays et de nos villes.
Rappelons également que moins de 600 entreprises accaparent 80% du marché publicitaire [1]. Les centaines de milliers de PME, qui sont les principales sources d’emplois, ne sont pas concernées par cette économie là.
La course au gigantisme des enseignes
Le Synafel (Syndicat National de l’Enseigne et de la Signalétique) déclare que le projet de décret visant à réglementer les enseignes et la publicité, et complétant la loi Grenelle II, « jette les enseignes avec l’eau du bain : elles font les frais d’un amalgame continuel avec la publicité ».
L’amalgame est souvent fait et entretenu par les surfaces commerciales elles-mêmes, car elles continuent d’éclairer leurs enseignes parfois bien après la fermeture du magasin. Et certaines de ces enseignes sont si grosses, qu’elle dépassent largement l’objectif de simplement se signaler.
« Ce projet de décret, limitant notamment à une surface cumulée de 20 m² les enseignes par bâtiment, est incohérent et discriminant. Quel que soit la superficie du bâtiment, 100 m² ou 10 000 m², la surface d’enseigne autorisée est la même ! C’est une atteinte à la liberté de commerce,
l’enseigne est le seul moyen de faire connaître une activité sur le lieu où elle s’exerce ».
Ce sont les enseignes gigantesques qui sont ici visées, car ce sont elles qui polluent en particulier les entrées des villes françaises.
La réglementation des enseignes par la limitation de leur surface vise au contraire une meilleure égalité de traitement entre les commerces, qui permet d’arrêter la course au plus gros et plus grand. Un peu de sobriété ne fera pas de mal aux paysages urbains, ce qui devrait à terme profiter au commerce aussi. L’exemple de São Paulo est ici intéressant car la limitation drastique des grandes enseignes a généré au contraire, une opération de rénovation urbaine très bénéfique, pour tous.
[1] Source Irep-France Pub