Le gouvernement annonce l’interdiction de la publicité sur les chaînes publiques de télévision. Au risque d’en avoir plus sur les chaînes privées ?
Il faut reconnaître que l’annonce de la suppression de la publicité sur les télévisions et radios publiques nous a agréablement surpris. Nous sommes d’ailleurs sceptiques sur la mise en application, à juste titre d’ailleurs puisque déjà, le gouvernement recule et propose d’interdire la publicité uniquement en soirée. Pourtant la suppression totale de la publicité sur les télé publiques est nécessaire, car il est urgent d’agir sur l’envahissement de la publicité dans le quotidien des Français. La suppression de la publicité sur 3 grandes chaînes généralistes et sur France Inter constitue un pas important pour désintoxiquer le public. Ceci permettrait de sortir de la marginalité les médias sans pub et de montrer que la qualité des programmes et l’indépendance des rédactions ne dépendent pas de la publicité, au contraire. Le service public a tout à gagner à arrêter de « vendre du temps de cerveau humain disponible » et à sortir d’une logique de pure compétition.
La question du financement de l’audiovisuel public est importante et nous pensons qu’on peut trouver un modèle économique viable, sans pub. Cela passera sans doute par une augmentation de la redevance et des dotations de l’Etat. Mais faire des économies ne devrait pas non plus être un tabou télévisuel : il est possible avec moins de faire mieux. Pas besoin de payer des super vedettes pour intéresser, ni même pour divertir.
Il est peu probable que la publicité passe en masse au secteur privé. On est déjà à un niveau extrêmement haut et les chaînes elles-même se rendent compte qu’elles flirtent avec la saturation. Réduire et encadrer la publicité sur les chaînes privées fait toujours partie de nos revendications. Et pourquoi pas une taxation de la publicité sur le mode pollueur-payeur ? Mais alors sans instaurer un lien organique de financement direct des chaînes publiques par la publicité privée !
Charlotte Nenner
Administratrice de RAP