Comme pour la bâche de la place Beaubourg, nous reproduisons la lettre qu’une adhérente de R.A.P. a envoyée à la Ministre de la Culture, Audrey Azoulay, ainsi qu’à la Maire de Paris, Anne Hidalgo, concernant une bâche publicitaire située place de la Bastille, sur la colonne de Juillet.
Rappelons que ce type de bâches publicitaires sur des monuments historiques est possible grâce à l’article L621-29-8 du code du patrimoine en dérogation de l’article L581-4 du code de l’environnement qui interdit toute publicité sur les immeubles classés parmi les monuments historiques ou inscrits à l’inventaire supplémentaire. La seule condition pour ces bâches est de masquer des travaux extérieurs et de permettre de financer les travaux. L’affichage publicitaire ne peut dépasser 50 % de la taille de la bâche.
Le 15 septembre, R.A.P., Paysages de France, la SPPEF – Sites et Monuments et Louvre pour tous ont envoyé une lettre à la ministre demandant la réforme du code du patrimoine à ce sujet. Nous n’avons toujours pas eu de réponse à ce jour.
Pour approfondir la question des bâches publicitaires sur les monuments historiques, on pourra se référer à cet article.
Madame la Ministre de la Culture,
Ministère de la Culture
3 rue de Valois
75001 Paris
Paris, le10 novembre 2016
Madame la Ministre,
La célèbre colonne de la Place de la Bastille est actuellement entourée d’une tonitruante bâche publicitaire.
Sur cette bâche, la surface consacrée à la publicité paraît excéder largement les prescriptions légales.
Les auteurs de cette défiguration prétendront que la surface de bâche cachée derrière la palissade doit être prise en compte. Je pense que vous serez d’accord pour admettre qu’il y aurait là une grande malhonnêteté intellectuelle. A ce compte-là, pourquoi ne pas rouler au sol 50 mètres d’une bâche pour en étaler sur une façade 50 autres mètres, seuls visibles, entièrement consacrés à la publicité. Il est évident que seule la surface visible doit être prise en compte.
En l’occurrence toute cette surface visible est consacrée à la publicité, y compris la moulure qui ne sert qu’à détacher la publicité de la palissade de chantier et n’en est donc que l’ornement, ne pouvant être celui de la place dans ces superpositions ficelées en dépit de tout sens artistique.
Et même en tenant compte de la surface totale, visible et invisible, de la bâche, la surface consacrée à la pub paraît excéder les proportions imposées par la loi.
De surcroît la bâche doit être strictement nécessaire aux travaux extérieurs. Or dès que la bâche est derrière la palissade de chantier, son diamètre se réduit nettement (il suffit de monter les marches de l’Opéra-Bastille pour s’en apercevoir).
Il y a donc une grande partie de cette bâche qui, par son diamètre surdimensionné, n’est pas utile aux travaux extérieurs.
Quant à l’autorisation nécessaire, il ne semble pas y en avoir de trace visible.
Ce qui ne permet donc pas de savoir en particulier si l’autorisation porte aussi sur l’apposition du nom JCDecaux qui trône, bien visible, au-dessus de l’annonceur.
Votre haute fonction me permet enfin de penser que vous savourerez comme moi les termes dans lesquels JCDecaux vend (un autre mot me vient à l’esprit) cet « espace » aux annonceurs : c’est, dit-il, un « Monument Historique, dédié à la mémoire de la révolution de 1830, symbole d’union nationale et d’émotion collective ». Au moins, il sait parfaitement ce qu’il bafoue.
En-deçà de cet outrage majeur, je n’ai sans doute pas à souligner à quel point la prolifération de ces bâches défigure Paris et nuit au bonheur de vivre de ses habitants et de ses visiteurs.
Ni à souligner qu’une grande partie d’entre elles sont illégales.
Sur réclamation d’un citoyen, Madame Filipetti avait, courageusement et en moins de huit jours, fait enlever celle qui massacrait l’harmonie de la Place des Vosges.
J’espère donc de vous la même diligence pour faire respecter non seulement la loi mais aussi la conscience des Hommes qui toujours s’enrichit de méditer sur l’Histoire et est sali par sa prostitution.
Pour aussi contribuer à préserver l’avenir de cette planète et de tout ce qui y vit, en veillant à ne pas favoriser la surconsommation qui est le seul but de la publicité.
Faire respecter les lois, contribuer à ce que les citoyens vivent ensemble dans l’harmonie, préserver l’environnement, vous serez évidemment d’accord pour dire que ce sont vos devoirs.
Certaine que vous mesurez la gravité du problème et sachant que vous comptez toujours sur le soutien des citoyens, je pense que vous comprendrez qu’afin de mobiliser ces derniers, je diffuse mon message aux personnalités, associations et médias cités ci-après.
C’est avec confiance et espoir que je compte sur votre action, et dans cette attente je vous assure, Madame la Ministre, de ma très haute considération,
Christine Traxeler
Copie :
Madame Anne Hidalgo Maire de Paris
Monsieur Michel Cadot, Préfet de Police
Maires des 11e, 12e et 4e arrondissements de Paris
Monsieur Patrick Bloche, Député de la 7e circonscription de Paris
Directions Régionales des Affaires Culturelles d’île-de-France
Association Casseurs de pub
Association Résistance à l’Agression Publicitaire
Association Paysages de France
Journal Le Parisien
Journal Le Canard Enchaîné