RAP a décidé d’ouvrir des comptes sur des réseaux sociaux afin de mieux remplir sa mission d’information du public sur les conséquences du système publicitaire, et de mobilisation des citoyens dans la lutte contre ce système.
Depuis l’apparition des réseaux sociaux publicitaires, notre association s’était toujours interdit d’y participer, partant du principe que ces sites avaient pour but principal de récolter des données pour mieux les vendre aux annonceurs, ce que résume parfaitement la formule : « si c’est gratuit, c’est vous le produit ». En effet, le modèle économique des réseaux sociaux les plus célèbres n’est pas neutre : il est basé sur la marchandisation de nos données privées, outre celle de notre « temps de cerveau disponible ». Autrement dit, le système publicitaire achète à ces réseaux les ficelles de notre personnalité pour essayer de faire de nous ses marionnettes.
Nous ne voulions donc pas participer à l’hégémonie de médias poursuivant l’objectif d’augmenter le nombre d’ « occasions de voir » des publicités, et de transformer l’internet en un monde fermé où les seules sources d’informations seraient formatées par des algorithmes aux logiques publicitaires.
Dix ans après l’apparition de ces plate-formes, nous pouvons constater que tout ce que nous craignions à leur arrivée s’est réalisé : nombre d’internautes n’utilisent internet qu’à travers ces réseaux. Pire, pour une large majorité de politiques et de journalistes, un nombre important d’abonnés sur ces gros réseaux sociaux est devenu un critère de légitimité.
Ainsi, avec le temps, ces plate-formes sont devenues le canal médiatique principal pour un nombre croissant d’individus. En nous interdisant de nous y exprimer, nous ratons des occasions de nous adresser à eux et de les alerter sur les dangers publicitaires, y compris et en particulier vis-à-vis de ces réseaux eux-mêmes. Voilà pourquoi, après mûre réflexion, nous décidons d’opter pour une position plus subtile : utiliser sans promouvoir. Cette ligne est en fait celle que nous appliquons déjà pour la plupart des médias publicitaires : passer sur TF1 ou Europe 1 ne nous a jamais fait les encenser, mettre leur logo partout et inciter à leur audience.
Il s’agit de clarifier cette pratique et de l’adapter à ces nouveaux types de médias. Pour ce faire, nous avons rédigé une charte d’utilisation des réseaux sociaux publicitaires. Ainsi, en plus de nous donner un cadre, nous partageons dans le même temps des recommandations autour de nous.
Nous avons donc décidé de créer des comptes sur ces célèbres réseaux, mais aussi de donner la possibilité de nous suivre sur un réseau alternatif : Mastodon, afin d’inciter, avec nos moyens, à sortir des réseaux façonnés par et pour le système publicitaire.
Notre optique est une fois encore de mettre en avant des alternatives non publicitaires. Si cela participe à aider à l’émancipation de quelques uns qui se tourneraient vers d’autres réseaux, plus démocratiques, nous aurons déjà gagné une bataille.
Charte pour une utilisation modérée des réseaux sociaux publicitaires proposée par Résistance à l’Agression Publicitaire
Les réseaux sociaux publicitaires ne sont pas des outils neutres. Comme d’autres médias publicitaires, la contrepartie pour leur utilisateur est la réception de publicités mais pas seulement. En effet, ces réseaux profilent les utilisateurs et font commerce de leurs informations personnelles à des fins de ciblage publicitaires. En cela, leur utilisation n’est pas anodine et nous recommandons de la cadrer par quelques principes :
1 – Ne pas faire la promotion des réseaux sociaux publicitaires
S’il semble stratégique d’utiliser ces médias pour s’adresser aux gens qui les utilisent, ce n’est pas une raison pour les mettre en avant ou les légitimer. Il est possible de les utiliser et d’y être présent sans appeler à s’y rendre dans ses propres supports de communication (tracts, sites web, etc.).
2 – Éviter de mettre de contenu exclusif sur les réseaux sociaux publicitaires
Publier du contenu exclusif sur les réseaux sociaux publicitaires est une manière indirecte d’inciter les gens à leur utilisation. Quand vous publiez sur les réseaux sociaux publicitaires, assurez-vous que l’information soit accessible par d’autres moyens (site, réseau social libre et non publicitaire, etc.). Les commentaires et interpellations publiques constituent des exceptions.
3 – Ne pas recourir aux liens sponsorisés
Payer pour mettre en avant ses publications, c’est financer et participer au système publicitaire et à la logique de marché du temps de cerveau disponible.