Chaque personne reçoit entre 400000 et 800000 messages publicitaires par an (Pêtre, 2007). Ces injonctions à consommer plus que ce dont nous avons réellement besoin sont omniprésentes dans la société. La publicité représente une pollution sur plusieurs aspects : paysagère, énergétique, environnementale, etc.
L’espace public représente l’ensemble des espaces de passage et de rassemblement qui sont à l’usage de tous. Ils appartiennent à une entité publique (collectivité, Etat). Dans l’espace public, il convient de protéger les citoyen·nes de cette agression afin de faire exercer la liberté de réception de ces dernier·es. Dans cet espace public, la publicité est surtout présente par voie d’affichage, la France ayant un des plus gros marchés publicitaires au monde par cette voie. Ainsi, en 2012, la publicité extérieure représentait 12% des dépenses en publicité, ce qui la place en troisième rang mondial pour ce média (contre 4 % aux États-Unis ou 3,4 % en Allemagne) (BIPE 2013).
Les panneaux 4×3 m ont défiguré les abords des villes. JCDecaux a implanté ses « mobiliers urbains » partout. Les bâches géantes ont poussé sur les monuments historiques et maintenant sur les autres chantiers de ravalement. Quant aux écrans vidéos publicitaires, la dernière technologie en vogue qui arrivent en masse dans l’espace public, a une consommation équivalente a 32 congélateurs pour un simple dispositif de 2 m².
Il convient aussi de questionner la prédominance du discours du secteur marchand sur les autres secteurs (politique, associatif, culturel…). Actuellement le système publicitaire permet surtout la liberté d’expression des grandes entreprises qui ont les moyens d’accéder à ce service. Or le fondement constitutionnel de la liberté d’expression a d’abord été pensé pour favoriser la libre communication des “pensées et des opinions”. “La liberté de la publicité ne peut guère relever que par extension de la liberté d’expression […]. Elle a donc plutôt pour fondement la liberté d’entreprendre ou la liberté du commerce et de l’industrie, des libertés reconnues mais dont la portée est susceptible de limitations dans l’intérêt général.” (Morange, 2007)