Trois militants poursuivis par l’Etat belge pour avoir questionné la politique fiscale en matière de mobilité

Ce 30 novembre, 3 militants sont cités à comparaitre devant le Tribunal correctionnel de Liège (Belgique) pour le vol présumé de 2 bâches publicitaires. Une infraction passible d’un mois à 5 ans de prison mais pour laquelle l’acquittement sera plaidé par leurs avocates et avocats.

Les faits remontent au mois d’août 2022. Lors d’une intervention de routine, le peloton anti-banditisme de Liège aperçoit 5 individus au pied d’un immense bilboard (panneau publicitaire). Trois personnes sont interpelées et la police découvre 2 bâches de 36m² en fouillant le véhicule d’un des suspects (une publicité pour la Volvo C40 rechargeable et l’autre pour la BMW New 3 Berline électrique).

Ces publicités pour de grosses voitures électriques d’un certain prix devaient servir à du brandalisme (détournement publicitaire à des fins militantes) durant la semaine de la mobilité. L’action prévue dénonçait le greenwashing de l’industrie automobile avec le passage à l’électrique ainsi que la fiscalité liée aux voitures de société. Des « voitures-salaires » qui incitent à l’achat de couteux véhicules lourds, puissants et plus énergivores que la moyenne. Cet avantage fiscal belge pèse entre 2 et 4 milliards d’euros par an sur les finances publiques. Il est d’ailleurs pointé du doigt par l’OCDE et la Commission européenne qui jugent ce système cher, injuste et inefficace*.

Au-delà de ça, c’est l’ensemble des choix politiques et industriels en matière de mobilité que les militants souhaitent questionner. Des choix qui nous mènent vers une impasse, tant au niveau social, environnemental que climatique. Une approche systémique de cette problématique est compilée à travers le site qu’ils ont créé (https://www.proces-pour-une-mobilite-populaire-et-durable.be/). Une trentaine d’associations et de personnalités reconnues dans leurs domaines de compétence liés à la mobilité ont avalisé cette vision. Ils reconnaissent également la nécessité et la légitimité d’agir concrètement sur le terrain.

Les militants veulent faire de ce procès une occasion de porter le débat de l’avenir de notre mobilité sur la place publique et de retourner symboliquement la charge qui pèse sur eux contre l’Etat à travers une pétition en ligne. Pour eux, la fin de la publicité pour les voitures doit être le prélude à cette réflexion globale pour une mobilité populaire et durable à venir…