C’est une avancée juridique importante dans la lutte contre les campagnes publicitaires trompeuses des entreprises polluantes : mardi 20 mars, le tribunal d’Amsterdam a jugé illégal le greenwashing pratiqué par KLM dans sa publicité !
Cette décision, qui fait suite à la plainte des associations Fossielvrij NL, Reclame Fossielvrij et ClientEarth, créé un précédent juridique qui aura des ramifications dans l’ensemble du secteur de l’aviation internationale et pour toutes les entreprises annonçant leur engagement à l’égard de l’Accord de Paris.
La Cour n’aurait pas pu être plus claire dans son verdict : il est contraire au droit européen de la consommation, pour les entreprises de l’UE de prétendre qu’elles luttent contre le dangereux changement climatique alors qu’en réalité elles alimentent la crise climatique.
Le juge a ainsi statué que les affirmations de KLM suggérant que l’aviation peut être ou devient durable, ainsi que la publicité suggérant que ses produits « compensatoires » réduisent ou compensent l’impact de l’aviation sur le climat sont trompeuses et donc illégales. Les affirmations de KLM selon lesquelles elle était « engagée dans les objectifs climatiques de l’Accord de Paris » ont ainsi été jugées contraires à la loi, car les affirmations sur la faisabilité des objectifs de l’entreprise brossent « un tableau trop rose » compte tenu des mesures limitées déployées par la compagnie aérienne.
Rappelons en effet que bien qu’il soit le moyen de transport le plus destructeur pour le climat, le secteur aéronautique ne montre aucun signe d’engagement réel en faveur de la réduction des émissions ou d’une transition équitable pour les travailleur·ses. Sous couvert de campagnes vantant une neutralité carbone chimérique, la publicité ne fait qu’inciter à la hausse de la demande et à la croissance du transport aérien3. De plus, prendre l’avion est une activité élitiste, qui concerne seulement 20 % de la population mondiale.
Les entreprises qui annoncent publiquement des engagements en faveur des objectifs climatiques de l’Accord de Paris doivent désormais s’assurer que ces affirmations sont réalisables et concrètes, sous peine de perdre devant les tribunaux. Ce jugement est un rappel à l’ordre pour les industries très polluantes et les entreprises qui tentent de vendre l’image d’un engagement envers les objectifs climatiques de Paris sans avoir les plans pour y parvenir. La stratégie de relations publiques de l’industrie du transport aérien en matière de climat n’est plus d’actualité !