Le décret réglementant l’affichage publicitaire en France vient de paraître au Journal Officiel. Ceci vient clore le feuilleton du Grenelle II en matière d’affichage publicitaire. Hélas la fin n’est pas heureuse car ce texte qui sera applicable dés juillet 2012, est le fruit d’un intense lobbying des afficheurs auprès du gouvernement.
Au final, le gouvernement a réussi à sortir un décret encore plus complexe et timide que le précédent, tout en actant des reculs importants en matière d’environnement. Sans surprise, cette réglementation est taillée sur mesure pour l’activité de JCDecaux. Rien d’étonnant à cela, l’afficheur « tenait littéralement le stylo » [1].
Parmi les reculs les plus flagrants introduits dans cette version on trouve :
* les écrans numériques autorisés, de grand format de 8 m², et même de 50 m² autour des aéroports,
* les bâches sur échafaudages de chantier pourront supporter 50% de publicité, comme celles qu’on peut voir actuellement sur la Conciergerie ou Le Louvre à Paris,
* la mesure de limitation de la densité des panneaux est vidée de son contenu,
* le mobilier urbain n’est pas concerné par l’extinction pour les économies d’énergie et pourra supporter de la publicité numérique,
Cette liste ne fait malheureusement que compléter les reculs faramineux déjà enregistrés lors des précédentes étapes [2]. De l’aveu même du ministère, les afficheurs vont pouvoir augmenter leur chiffre d’affaire de 30% grâce à ce texte [3] :
« des études ont été réalisées sur le terrain […]. La remontée de ces données, croisées avec les chiffres fournis par le ministère de l’économie, des finances et de l’industrie, fait apparaître un taux très faible (de 5 à 15 %) de dépose ou de mise en conformité du parc publicitaire existant du fait du projet de décret. Ce taux est nul pour ce qui concerne le mobilier urbain qui n’est pas impacté par le décret. Par ailleurs, un développement important de secteurs comme ceux du micro-affichage, des bâches, des dispositifs innovants, des publicités sur aéroports ou gares est prévu, permettant d’envisager une progression de 10 à 30 % des chiffres d’affaires des entreprises investissant dans ces domaines d’activité. »
Nouvelles dérogations, dispositifs et bâches géantes, écrans numériques, conservation du format de 12 m², mobilier urbain préservé et chiffre d’affaire en hausse : alors, ce Grenelle de l’Environnement, protection des paysages ou des intérêts des copains ? Superbe démocratie que celle où la loi est écrite par ceux-là mêmes qui, depuis trente ans, l’ont violée !
[1] 1 juin 2011 – Canard Enchaîné – Ça vole bâche
[2] https://antipub.org/spip.php?article153
[3] http://questions.assemblee-nationale.fr/q13/13-116206QE.htm